Colère des agriculteurs : l'UE donne son feu vert à l'encadrement des importations d'Ukraine

Le texte comprend "des mesures correctives" pouvant être rapidement adoptées en cas de "perturbations importantes" sur le marché. Il doit désormais être approuvé par les eurodéputés.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des agriculteurs polonais manifestent dans une rue de Cracovie, le 20 février 2024. (KLAUDIA RADECKA / NURPHOTO / AFP)

Les Etats de l'UE ont approuvé, mercredi 21 février, la reconduction pour un an de l'exemption des droits de douane pour les importations agricoles ukrainiennes et moldaves. Mais alors que les agriculteurs accusent l'afflux de céréales, œufs et poulets d'Ukraine de plomber les prix locaux et d'entretenir une concurrence "déloyale" faute de satisfaire certaines normes (volailles élevées en masse...), les ambassadeurs des 27 Etats membres ont assorti cette exemption de "mécanismes de sauvegarde" renforcés pour limiter leur impact.

En vertu de la proposition de la Commission européenne, ces "mesures correctives" pourront être rapidement adoptées en cas de "perturbations importantes" sur le marché, y compris si elles ne touchent qu'un seul Etat membre. Surtout, pour trois produits qualifiés de "sensibles", volaille, œufs et sucre, un "frein d'urgence" est prévu pour "stabiliser" les importations aux volumes moyens importés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.

Cet arsenal de restrictions, qui doit désormais être approuvé par les eurodéputés lors d'un vote en séance plénière, en avril, doit être supervisé par Bruxelles, à rebours de l'embargo imposé unilatéralement courant 2023 par des Etats voisins de l'Ukraine au grand dam de la Commission, gendarme de la politique commerciale des 27.

Un sujet très sensible dans les pays frontaliers

"Nous montrons notre soutien inébranlable à l'Ukraine, tout en protégeant notre marché intérieur d'une augmentation excessive d'importations de certains produits agricoles sensibles", s'est réjouie Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères belge, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE. Car cette exemption de droits de douane dont bénéficie l'Ukraine est devenue un sujet particulièrement sensible, notamment en Pologne, où le blocage de la frontière par des agriculteurs en colère a provoqué ces derniers jours une violente crise entre Varsovie et Kiev.

La puissante organisation réunissant les syndicats agricoles majoritaires européens, Copa-Cogeca, ainsi que cinq associations sectorielles, ont appelé mi-février à durcir drastiquement les restrictions. Face à l'accord obtenu à Bruxelles, ces derniers ont déploré dans un communiqué que le plafonnement proposé pour trois produits correspondait à des volumes élevés "qui ont précisément provoqué" la crise actuelle, tandis qu'"aucune restriction n'est prévue [automatiquement] pour les céréales et le miel malgré l'importante capacité de production ukrainienne."

"Cette approche ne parviendra pas à répondre aux préoccupations des agriculteurs, et entraînera probablement de nouvelles manifestations", ont-ils averti, alors que les importations de produits agricoles ukrainiens ont bondi de 11% en valeur sur un an entre janvier et septembre 2023. 

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