"Les problèmes des agriculteurs, on les connaît" : comment le Rassemblement national a capitalisé sur la crise agricole

Le parti d'extrême droite s'est montré au chevet des agriculteurs qui ont exprimé leur colère ces deux dernières semaines.
Article rédigé par franceinfo
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Jordan Bardella s'adresse aux agriculteurs à Queyrac en Gironde, le 20 janvier 2024. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La colère des agriculteurs se calme et les barrages se lèvent vendredi 2 février, après les dernières annonces du gouvernement. Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a écarté sa première crise politique, momentanément en tout cas. Mais la crise agricole a donné du grain à moudre aux oppositions politiques, en particulier au Rassemblement national où on estime avoir remporté une victoire idéologique. "Au bord de l’abîme ils reprennent nos mesures, après nous avoir insultés" : c'est le message posté par Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, sur X jeudi 1er février.

Réductions sur le GNR (gazole non routier), freinage sur les traités de libre-échange, souplesse sur les pesticides : les annonces du gouvernement sont dans la droite ligne de ce que prône le RN depuis des années. Ces mesures font aussi écho à l'argumentaire qui sera déployé par le parti d'ici les élections européennes. Il faut en finir avec l’écologie dite "punitive" et défendre une "exception agriculturelle française", comme le répète la tête de liste du RN.

Jordan Bardella s'était rapidement montré dans une ferme le 20 janvier dernier. Ses bottes toutes neuves avaient d'ailleurs été moquées par la Macronie. Il s'était ensuite affiché trois jours plus tard aux côtés de pêcheurs qu'il a incités à rejoindre le mouvement de colère. Les 88 députés RN avaient quant à eux la consigne de se rendre sur les barrages routiers aux quatre coins de l'hexagone. Et quand on les accuse de vouloir faire de la récupération, les élus s'agacent : "On est presque tous élus dans des territoires ruraux, les problèmes des agriculteurs on les connaît", lance un député. 

Le RN se défend d'accointance avec la Confédération rurale

Le Rassemblement national a semblé s'entendre particulièrement bien avec l'un des syndicats moteurs de la contestation, la Coordination rurale. "Non, nous ne sommes pas de mèche", assure un élu. Il n'y a pas de liens structurels ou de relations privilégiées avec les leaders de ce syndicat, affirme-t-on au RN. Le parti assure parler avec tous les syndicats, mais il estime que la FNSEA a implicitement soutenu Emmanuel Macron face à Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle.

Mais plusieurs élus l'avouent : "On est beaucoup plus en phase avec l'analyse et les positions de la Coordination rurale". "Ce sont des gens en rupture avec le système vérolé de l'Union européenne", décrypte un eurodéputé RN, qui confesse avoir déjà invité des représentants de ce syndicat à Bruxelles pour une rencontre avec d'autres mouvements paysans européens. De là à proposer une place à un agriculteur en colère sur la future liste RN aux européennes ? C'est une idée poussée par plusieurs membres du parti, mais pas encore finalisée.

Le Rassemblement national estime en tout cas que le sujet agricole va vite revenir et que la crise est loin d'être éteinte. "L'intégralité des ingrédients d'une explosion sociale d'importance sont réunis", a récemment prophétisé Marine Le Pen.

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