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Fin des plans d'aide à la Grèce : "Le problème est la continuité du travail initié"

Nathalie Janson, économiste et enseignante chercheur a réagi sur franceinfo à la fin du dernier plan d'aide de l'Union européenne dont bénéficie la Grèce. 

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras à la Commission européenne le 29 juin 2018. (ARIS OIKONOMOU / AFP)

"Le problème est la continuité du travail initié", a estimé sur franceinfo Nathalie Janson, économiste et enseignante chercheur à la Néoma business school, alors que la Grèce sort lundi 19 août du dernier plan d'aide mis en place par l'Union européenne.

Au total, le pays a bénéficié de trois plans d'aide depuis 2010, pour une enveloppe totale de 289 milliards d'euros. En contrepartie, notamment, les salaires et les retraites ont été baissés. "La Grèce se porte mieux qu'elle ne se portait en 2015", affirme Nathalie Janson, qui tempère néanmoins : "La Grèce est dans une situation économique bien moins bonne qu'elle ne l'était en 2010."

franceinfo : Comment se porte désormais la Grèce ?

Nathalie Janson : La Grèce se porte mieux qu'elle ne se portait en 2015. Elle a rempli son contrat puisqu'elle a été soumise à certaines obligations de réformes qu'elle a bien réalisées. Aujourd'hui, elle a des perspectives de croissances qui sont autour de 2% et lui permettent d'envisager les deux prochaines années avec, sans doute, une capacité à faire face à ses obligations en termes de remboursement.

Ces plans d'aide ont cependant eu de lourdes conséquences, comme un taux de chômage toujours très élevé ou un PIB drastiquement réduit. Est-ce que le pays va réussir à s'en relever dans les années à venir ?

La problématique de la Grèce est très particulière puisque, comparée aux pays de l'Union européenne qui ont aussi de grosses difficultés, comme l'Espagne et le Portugal, eux se sont remis depuis. Ils sont à des niveaux comparables à l'avant-crise. Ce n'est pas le cas de la Grèce qui est dans une situation économique bien moins bonne qu'elle ne l'était en 2010. Le problème est la continuité du travail initié. Quand on réforme l'État, il y a des ajustements et ce sont ces ajustements qui donnent lieu à une efficacité relative. Dans le cas des incendies qui ont touché le pays cet été, ça fait malheureusement partie des possibilités. L'administration se retrouve dans une position sans doute désorganisée, ce qui explique sa moindre efficacité.

Est-ce qu'on peut, en huit ans, même sous la contrainte des plans d'aide, se réformer en profondeur ?

Non, huit ans ce n'est pas suffisant. Ce sont des problèmes très ancrés, avec des habitudes institutionnelles. (La collecte de l'impôt) fait partie des grands challenges de la Grèce dans le futur puisque, si elle veut continuer à pouvoir faire face à ses remboursements et continuer à être dans cette orthodoxie, il va falloir que l'activité économique soit dans une embellie mais aussi que les recettes fiscales entrent. Une fois que vous avez coupé les dépenses, il faut que les revenus viennent. C'est toute la difficulté et le challenge principal de la Grèce dans les années à venir.

Que nous enseigne l'exemple de la Grèce sur les mécanismes d'entraide au sein de la zone euro ? Si une telle situation se reproduisait, est-ce qu'on a appris de nos erreurs ?

On a sans doute appris qu'avoir des pays qui sont très différents peut donner des situations de crise aiguë comme on l'a vécu avec la Grèce. On peut dire que la Grèce est un cas isolé mais ce n'est pas sûr. Aujourd'hui, les institutions européennes ont des mécanismes prévus en cas de crise alors qu'elles n'étaient pas prêtes quand c'est arrivé il y a huit ans.

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