Le Brexit acte le divorce du couple franco-allemand
Les positions affichées par la France et l'Allemagne, couple moteur de la construction de l'Europe, face à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, divergent sensiblement.
D'un côté du Rhin, on veut un divorce rapide. De l'autre, on juge qu'il est urgent de ne pas se précipiter. Face au Brexit, la position ferme prise par la France diverge sensiblement de celle plus conciliante arrêtée par l'Allemagne. Paris et Berlin affichent leur désaccord sur le rythme à suivre dans cette procédure de divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Dimanche 26 juin, à la veille d'une réunion des dirigeants allemand, français et italien lundi à Berlin et d'un conseil européen sous tensions mardi et mercredi à Bruxelles, le couple franco-allemand, moteur de la construction de l'Europe, semble bel et bien grippé, au pire moment.
Paris met Londres sous pression
Dans l'avion qui le menait à Berlin, samedi, pour une entrevue avec ses homologues des cinq autres pays fondateurs de la communauté européenne - Allemagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, chef de la diplomatie française a plaidé pour une ouverture rapide des négociations. "Il faut dire aux Britanniques qu'on ne peut pas attendre. Il faut s'organiser dans l'intérêt commun", a insisté Jean-Marc Ayrault.
Même volonté martelée à l'Elysée. François Hollande a mis l'accent sur la nécessité d'adopter une position ferme, afin d'éviter que les Britanniques fassent traîner les négociations pour obtenir davantage de l'UE. "Nous devons en tirer toutes les conclusions et toutes les conséquences", a déclaré le chef de l'Etat. "Nous devons maintenant organiser cette séparation mais nous devons le faire en bon ordre et avec les règles qui sont celles prévues par les traités qui doivent être mises en œuvre."
Berlin veut lui laisser des marges de manœuvres
La chancelière allemande s'est montrée plus prudente. Angela Merkel a affirmé ne pas vouloir précipiter la procédure de sortie de la Grande-Bretagne et a souhaité lui accorder une marge de manœuvre dans les négociations. "Tout à fait franchement, il ne faudrait pas que cela prenne des années, c'est vrai, mais je ne vais pas militer pour un calendrier serré", a dit la dirigeante allemande devant la presse lors d'une réunion de son parti, la CDU, près de Berlin.
Et chacun se cherche des soutiens en Europe
Depuis vendredi, François Hollande a multiplié les contacts avec ses partenaires européens pour chercher des soutiens. Le président s'est entretenu samedi au téléphone avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Il a ensuite dîné avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi, venu à Paris avant que les deux dirigeants ne se retrouvent lundi à Berlin avec Angela Merkel.
L'Italien et le Français ont fait preuve d'une grande convergence de vues sur la manière de traiter la sortie du Royaume-Uni et surtout de relancer l'Europe, a glissé dans la foulée l'entourage du Français.
L'Allemande, elle, paraît plus isolée sur la scène européenne. Le président du parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, lui aussi fait pression sur le Royaume-Uni, en lui demandant d'enclencher le processus de départ, mardi lors du sommet européen.
Cette position est également partagée par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. "Attendre jusqu'en octobre [date de la démission annoncée de Cameron] pour négocier les termes de leur départ n'a pas de sens", a dit Juncker.
Et même le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, semble contredire sa chancelière : "La procédure doit être mise en œuvre dès que possible afin que nous ne restions pas dans l'incertitude et que nous nous concentrions sur l'avenir de l'Europe."
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