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Infographie La reprise économique est-elle vraiment là ?

Plusieurs indicateurs laissent espérer un retour de la croissance dès 2015. Mais cette reprise est fragile. 

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'Insee estime que le PIB français devrait croître de 0,7% à la mi-2015, et l'OCDE voit le taux de croissance français atteindre 1,5% en 2016. (HILL STREET STUDIOS / BLEND IMAGES / GETTY IMAGES)

Le gouvernement a retrouvé le sourire, tout au moins lorsqu'il parle d'économie. Le Premier ministre, Manuel Valls, clame ainsi que "2015, c'est l'année du retour de la croissance et de la confiance". A l'image de l'annonce d'un déficit 2014 meilleur que ne le prévoyait l'exécutif, la France semble avoir entamé une reprise économique illustrée par plusieurs indicateurs. Certains instituts prédisent ainsi le retour d'une croissance significative dès cette année. Pourtant, le chômage, lui, continue de progresser. Pour l'endiguer, il faudrait un taux de croissance supérieur à 1,5%, or rien n'indique que cette reprise incertaine permettra d'atteindre un tel objectif.

La croissance repart

Les indicateurs sont formels : 2015 démarre sous les meilleurs auspices. Principal argument de cet optimisme, le taux de croissance qui, d'après l'Insee, s'éloignerait enfin de la quasi-stagnation observée depuis 2012, incitant le gouvernement à tabler sur un objectif de 1% pour cette année. L'institut de la statistique estime la croissance à 0,3% au premier trimestre, et à 0,7% à la fin du second trimestre. L'OCDE va plus loin et prévoit un taux de croissance 2015 de 0,76% avant une année 2016 où la France verrait son PIB progresser de 1,5%.

C'est donc une France revigorée qui s'apprêterait à entamer la fin du mandat de François Hollande. Une impression de confiance que l'on retrouve dans d'autres indicateurs. Ainsi, l'indice d'activité dans le secteur privé du cabinet Markit montre que les entreprises ont remis la marche avant en 2015, après une année 2014 très morose. Février a même vu cet indicateur atteindre un niveau jamais vu depuis 2011. Seul bémol, selon L'Expansion, c'est le secteur des services qui porte ce regain de confiance, le secteur manufacturier étant toujours dans le rouge.

Dernier indice d'un regain économique, l'indicateur du climat des affaires de l'Insee, qui traduit davantage d'enthousiasme chez les chefs d'entreprise français. Là encore, les patrons du secteur des services et du commerce sont plus confiants que leurs collègues de l'industrie, comme le détaillent Les Echos.

Toutefois, de nombreux économistes et observateurs restent prudents. D'abord parce que l'embellie ne concerne pas uniquement la France mais correspond à un phénomène mondial : la faiblesse combinée des prix du pétrole, de l'euro et des taux d'intérêt. Une fenêtre d'opportunité élargie par la Banque centrale européenne, qui a fixé de faibles taux d'intérêt dans le but de soutenir la consommation et l'investissement. Or, comme l'explique Le Figaro, le gouvernement français n'a aucune prise sur chacune de ces causes, et ne pourra pas, à lui seul, maintenir durablement la dynamique amorcée en ce début d'année.

L'investissement n'est pas au beau fixe

On pense alors à 2013, également partie sur de bonnes bases, avec notamment un rebond à +0,7% de croissance au second trimestre. Avant de décevoir avec un taux annuel de croissance de +0,4%. L'année 2015 n'est pas à l'abri d'une telle déconvenue. Une des composantes importantes du taux de croissance, l'investissement des entreprises, n'est pas au mieux. Pour preuve, selon l'Insee, l'investissement (ménages et entreprises) est négatif depuis le quatrième trimestre 2013. Et les prévisions pour 2015 ne plaident pas pour un retournement de tendance.

 

Rien ne permet donc aujourd'hui d'assurer que l'économie française est en voie de rémission. La tendance est réelle, mais l'instabilité géopolitique (Syrie, Ukraine…) et financière (baisse de la production de pétrole concertée par l'Opep, contre-attaque du dollar face à la faiblesse de l'euro) explique la prudence des observateurs. L'exécutif, lui, a visiblement décidé de voir le verre à moitié plein et axe sa communication sur l'air de "la reprise est là", comme François Hollande l'a de nouveau affirmé vendredi 27 mars à l'usine PSA de Trémery, en Moselle. Avant d'ajouter : "Encore fragile, mais nous devons la conforter." On ne saurait mieux dire.

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