Déficit public : la Cour des comptes sceptique sur les objectifs
Des chiffres peu encourageants. La Cour des comptes estome ce mardi que le déficit de la France risque de baisser moins que prévu et devrait atteindre d'ici la fin de l'année 4% du PIB, voire plus si la croissance économique est inférieure au 1% qu'envisage le gouvernement.
Didier Migaud, le président de la Cour des comptes estime que "l'objectif de déficit pour 2014, déjà révisé à la hausse en mai, risque d'être dépassé ", ajoutant, "le déficit des administrations publiques pourrait dépasser l'objectif (du gouvernement ndlr) de 3,8% et être proche de 4%, voire légèrement supérieur si la prévision de croissance du gouvernement ne se réalisait pas ".
30 des 50 milliards du plan d'économies "peu documentés"
La Cour des comptes émet également des doutes sur le plan d'économies de Manuel Valls. L'objectif est selon le rapport très ambitieux. Cependant, sur les 50 milliards d'euros à économiser entre 2015 et 2017, la Cour estime que 30 milliards sont "peu documentés " et une partie est incertaine. Les 11 milliards d'économies prévus sur les collectivités locales sont "loin d'être acquises " selon le rapport, car les collectivités pourraient en profiter pour augmenter les impôts locaux.
La Cour souligne en effet que certaines relèvent d'institutions qui ne sont pas contrôlées par l'Etat comme les collectivités territoriales ou l'assurance chômage. Le projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale, deuxième texte financier mettant en oeuvre le pacte de responsabilité et de solidarité du gouvernement sera présenté mercredi en conseil des ministres. Combiné au projet de loi de finances rectificative présenté la semaine dernière, ces textes prévoient 4 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour cette année, qui visent à tenir l'objectif de ramener le déficit à 3,8%.
Réduire le nombre de fonctionnaires et de médicaments
Toujours selon le rapport, la dette dépassera le cap des 2.000 milliards d'euros à la fin de l'année. Les objectifs d'économies pour 2015 "ne sont pas à la hauteur ". Elle explique que même avec les 50 milliards d'euros d'économies prévus sur 2015-2017, la dépense publique devrait augmenter de 62 milliards d'euros entre 2014 et 2017.
Pour faire encore plus d'économies, elle propose donc d'agir sur la masse salariale publique, les dépenses d'assurance-maladie et des collectivités territoriales. Concernant la masse salariale, elle estime que "la baisse des effectifs, en complément des efforts sur les rémunérations, constitue un levier porteur d'économies importantes" et qu'"une hausse de la durée effective du travail dans les administrations pourrait permettre de diminuer les effectifs sans réduire la quantité et la qualité des services ". Elle préconise également de faire baisser la consommation de médicaments qui est, en France, supérieure de 22% à celle des pays voisins.
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