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Déficit : "Les mesures prises en France restent moins violentes que dans d'autres pays"

Chef économiste chez Natixis AM, Philippe Waechter estime que les annonces sur les économies de Manuel Valls donnent "un signal intéressant". 

Article rédigé par Bastien Hugues - Recueilli par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministère de l'Economie et des Finances, le 14 avril 2012. (LOIC VENANCE / AFP)

Non-revalorisation des prestations sociales d'ici à la fin 2015, gel du point d'indice des fonctionnaires, report du coup de pouce exceptionnel au RSA… Mercredi 16 avril, Manuel Valls a détaillé les mesures qu'il compte faire voter pour réaliser 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017, afin de réduire le déficit public, comme la France s'y est engagée auprès de l'Union européenne.

Chef économiste chez Natixis Asset Management, Philippe Waechter réagit à ces annonces.

Francetv info : Que faut-il retenir des mesures d'austérité annoncées mercredi par Manuel Valls ?

Philippe Waechter : Le point fort est le blocage des prestations sociales, à l'exception de quelques-unes bénéficiant aux plus démunis. Cela ressemble aux mesures prises en 1983 par Jacques Delors. C'est probablement ce qui est le moins douloureux pour faire des économies à court terme. Ces ajustements budgétaires annoncés par Manuel Valls restent autrement moins violents que ceux pris dans d'autres pays voisins.

L'Etat fait un choix que pourrait faire une entreprise ou un foyer : arrêter de dépenser parce qu'il n'en a plus les moyens. C'est un choix fort, un signal intéressant. Cela peut marquer une inflexion dans la durée.

Ces mesures sont essentiellement conjoncturelles. Peuvent-elles être suffisantes ?

C'est en tout cas un premier pas. L'économie française est très dépendante de la manière dont l'Etat gère. Vouloir infléchir les choses trop rapidement, c'est prendre un risque quant à la croissance du pays. L'enjeu, pour Manuel Valls, est de faire en sorte que d'ici à 2017, la dynamique repose davantage sur la consommation que sur la dépense publique. 

Mais prendre des mesures structurelles peut avoir des effets contre-productifs. Plutôt que de s'engager dans la durée, il vaut parfois mieux se donner du temps. En l'occurence, il sera temps de voir quelle sera la situation fin 2015. Quelle sera la dynamique de croissance ? Quel sera l'état des rentrées fiscales ? Comment aura évolué l'emploi ? On peut espérer que les signaux seront meilleurs qu'aujourd'hui, et que les mesures à prendre seront alors moins douloureuses.

Les choix annoncés par Manuel Valls ne risquent-ils pas d'avoir une incidence sur le pouvoir d'achat, et donc sur la consommation ?

Ces mesures peuvent effectivement avoir des conséquences sur le pouvoir d'achat, mais il est encore trop tôt pour savoir dans quelles proportions. Concernant la non-revalorisation des prestations sociales, l'impact devrait rester assez mesuré, dans la mesure où l'inflation est faible.

Surtout, il ne faut pas s'arrêter aux aspects les plus douloureux. L'idée du pacte de compétitivité, c'est que l'économie aille mieux en soutenant les entreprises. Si la dynamique est bien là, il y aura plus d'emplois, plus de revenus…

Les Français doivent-ils croire Manuel Valls lorsque celui-ci déclare : "Ce n'est pas l'Europe qui nous impose ces choix" ?

Il y a évidemment une question de communication. L'Union européenne nous impose un certain nombre de règles. La question est de savoir si on devance les choix de Bruxelles, ou si on les subit. En l'occurence, Manuel Valls prend des décisions pour ne pas avoir à les subir. 

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