Dégradation des finances publiques : une mission du Sénat fustige "l'attentisme" et "l'irresponsabilité" des précédents gouvernements
La mission d'information du Sénat sur le dérapage budgétaire a rendu ses conclusions. Les sénateurs ont pointé du doigt, mardi 19 novembre, les précédents gouvernements, coupables selon cette mission d'une "inaction" et d'un "attentisme dommageable" face à la dégradation des finances publiques. Initialement prévu à 4,4% du PIB, le déficit public devrait finalement atteindre 6,1% en 2024.
"Le gouvernement connaissait en réalité l'état critique de nos finances publiques dès le mois de décembre 2023. Il aurait dû, selon nous, réagir vigoureusement. Mais il ne l'a pas fait", a regretté le président de la commission des finances et sénateur socialiste, Claude Raynal.
Début novembre, la mission d'information a auditionné plusieurs anciens membres des précédents gouvernements, dont les ex-Premier ministres Elisabeth Borne et Gabriel Attal ou l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Lors de son audition, le 7 novembre, ce dernier a réfuté toute "faute" ou "dissimulation". Bruno Le Maire a justifié la mauvaise santé des finances par les soutiens massifs déployés durant la crise sanitaire puis la période d'inflation, et par un "effondrement brutal de nos recettes" fiscales.
Des "calculs" politiques "à courte vue"
Or, selon les conclusions de la mission d'information, tous les anciens dirigeants, à Bercy, à Matignon comme à l'Elysée, ont leur part de responsabilité dans le creusement du déficit public. "Au sentiment général du déni collectif sur la situation des finances publiques, s'ajoute désormais un sentiment d'irresponsabilité de ceux qui étaient alors au gouvernement", a de son côté lancé le rapporteur général du budget, le sénateur Les Républicains Jean-François Husson.
Les deux sénateurs estiment aussi que de nombreux mois ont été "perdus" dans le rétablissement des comptes, en raison des remaniements et surtout de la dissolution, prémisse d'une "trop longue attente dans la désignation du nouveau Premier ministre". Ils regrettent aussi l'absence de budget rectificatif au printemps, décidée selon eux par des "calculs à courte vue" sur fonds d'élections européennes et de risque de censure.
"En réalité ce n'est pas un rapport, c'est un réquisitoire d'opposants politiques, truffé de mensonges, d'approximations et d'affirmations spécieuses", a réagi Bruno Le Maire mardi lors d'un brief téléphonique avec la presse. "Notre conclusion est très différente : nous estimons que face à une perte de recettes exceptionnelle et imprévue, nous avons collectivement anticipé, réagi vite, réagi fort, contre toutes les oppositions", a ajouté l'ancien ministre.
"Ce qu'on sent dans ce rapport, c'est qu'il y a une forme de double déception", a pour sa part commenté Gabriel Attal. "D'abord une déception de ne pas avoir trouvé un seul élément tangible attestant que la situation des finances publiques n'aurait pas été prise au sérieux. Tout simplement parce qu'il n'y en a pas" et "la deuxième déception, c'est de ne pas avoir réussi à nous diviser et à nous dresser les uns contre les autres, ce qui était évidemment leur objectif", a-t-il avancé.
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