"On fait le gros dos, on fait traîner les factures" : agriculteurs convertis au bio, ils attendent toujours les aides promises
Plusieurs actions sont prévues sur le Salon de l’agriculture, jusqu'au 5 mars, pour dénoncer le retard de versement des aides aux agriculteurs qui ont fait le choix de se convertir au bio. Franceinfo a rencontré un couple d'éleveurs dont l'exploitation est en péril.
Qui veut casser la dynamique de l'agriculture bio en France ? Alors que les politiques vantent l'agro-écologie, cela fait deux ans que les aides financières ne sont pas totalement payées aux agriculteurs qui ont fait le choix de se convertir au bio. Plusieurs actions sont prévues sur le Salon de l’agriculture qui se tient jusqu’au 5 mars porte de Versailles à Paris, comme la distribution de lettres et l’interpellation du ministre par des agriculteurs à bout de patience. En France, 25 000 exploitations sont touchées par ces retards de subventions et selon la fédération nationale de l’agriculture biologique, 11 000 d’entre elles sont aujourd’hui mises en péril.
C'est le cas de l'exploitation de la famille Meunier à Ozenay, en Saône-et-Loire, où franceinfo s'est rendue. Comme de nombreux éleveurs en pleine crise, il y a deux ans, Rodolphe Meunier et son épouse voient la conversion en bio de leurs 80 vaches laitières comme une façon de s'en sortir. Mais ils attendent toujours les aides promises. "Aujourd’hui, on va avoir fait notre conversion bio en ayant touché seulement 18 000 euros sur les 60 000 qu’on aurait dû toucher sur les deux années", explique l’éleveur. Alors les Meuniers ont du faire tourner l'exploitation à l'économie.
On fait le gros dos, on fait traîner les factures. Ça fait un an que le vétérinaire n’est pas venu à la maison et on a des animaux qu’on a perdus. Mais on savait pertinemment que si on faisait venir le vétérinaire, c’était alourdir encore la facture qu’on lui devait
Rodolphe Meunier, agriculteur bioà franceinfo
Moins de 300 euros par mois pour vivre
Le couple et ses cinq enfants vit avec moins de 300 euros par mois et s'en sort aujourd'hui grâce à la solidarité du financement participatif. Mais l'exploitation est en redressement judiciaire. "Si le mandataire décide de mettre l’exploitation en liquidation c’est fini, il n’y a plus d’exploitation. Pour moi c’est dur à vivre parce que ce n’est quand même pas que de notre fait. On nous doit 50 000 euros, pourquoi on ne nous les donne pas ?" interroge l’éleveur désemparé. "C’est bien beau de promouvoir l’agro-écologie mais il ne faut pas pousser les gens à la conversion et ne pas les accompagner après", poursuit-il.
L'Etat, les services administratifs et les régions se renvoient la balle sur les raisons de ces retards de paiement. Pour ces exploitations en souffrance, le ministère de l’Agriculture promet une partie des aides à la fin du mois mais pas la totalité du paiement. Les agriculteurs eux attendent juste que l’argent qui leur a été promis tombe enfin sur leur compte en banque.
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