Cet article date de plus de trois ans.

"Changer de milieu, d'ambiance, pour un meilleur salaire" : des agentes de propreté se forment pour devenir aides-soignantes

Le groupe Derichebourg est le premier à profiter du dispositif "Transition collective", lancé par le gouvernement pour faciliter les reconversions professionnelles. 55 de ses agentes de propreté se forment désormais pour devenir aides-soignantes. 

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Christelle s'est portée volontaire pour devenir aide-soignante dans le groupe Korian. (SARAH LEMOINE / RADIO FRANCE)

Passer d'une entreprise à une autre sans licenciement ni période de chômage, c'est tout l'enjeu du dispositif "Transition collective" conçu par le gouvernement, les syndicats et le patronat. La mesure doit permettre de faciliter les reconversions professionnelles de salariés fragilisés par la crise vers des métiers d’avenir. Le groupe Derichebourg est la première entreprise à se lancer dans l’aventure.

55 agentes de propreté du groupe se sont portées volontaires pour devenir aides-soignantes. C'est le cas de Christelle, employée par Derichebourg Multiservices. Il y a 8 ans, elle a été embauchée à temps partiel pour faire le ménage dans des sociétés. Elle gagne à peine plus de 1000 euros net par mois. Lorsque son employeur lui a proposé de se reconvertir dans le métier d’aide-soignante, mieux rémunéré et à plein temps ; elle a sauté sur l’occasion.

"Je me suis dit que c'était une opportunité, pour l'instant je suis jeune donc je profite de ma jeunesse pour bouger, ce n'est pas quand j'aurai 50 ans que je vais commencer à chercher un autre métier", explique-t-elle. "J'aime bien aussi être en contact avec les gens, c'est ça qui m'intéressait en fait., c'est le fait de changer de milieu, d'ambiance, pour un meilleur salaire, donc c'est aussi pour améliorer ma vie."

Des reconversions plutôt que des licenciements

Si la direction de Derichebourg propose à des salariés de se reconvertir, c’est parce qu’elle anticipe des destructions d’emplois à plus ou moins long terme, avec de potentiels licenciements. Comme l'explique le président du groupe Boris Derichebourg, "il y a des jobs et des emplois qui vont sûrement disparaître parce que nous avons des clients qui d'une part souffrent aujourd'hui et en plus se transforment". 

"La transformation c'est du télétravail, des emplois qui peuvent se mécaniser ou se robotiser dans différentes industries. On a donc besoin de reconvertir nos collaborateurs pour qu'ils puissent se projeter dans le futur."

Boris Derichebourg, président de Derichebourg Multiservices

à franceinfo

Une garantie d'embauche en cas de validation du diplôme

Les 55 agentes de propreté vont être formées pendant 14 mois sans perdre un euro de salaire. A l’issue, si elles n’obtiennent pas le diplôme, elles retrouveront leur poste. Sinon, elles ont la garantie d’être embauchées dans une maison de retraite du groupe Korian.

"Le secteur de la santé et du grand âge est en plein essor", analyse Sophie Boissard, PDG de Korian. "On sait qu'il y a 500 000 emplois d'aides-soignantes à pourvoir dans les cinq ans, donc c'est très important que les acteurs du secteur puissent anticiper sur ces besoins de recrutement en rendant possible ce type de parcours". 

Elle se dit "très heureuse d'accueillir aujourd'hui cette première promotion de futures aides-soignantes qui seront recrutées par un établissement Korian en CDI dès qu'elles auront validé leur diplôme".

Ce nouveau dispositif de reconversion collective permet donc à des salariés de changer de métier sans risquer de passer par la case chômage. Pour inciter les employeurs à s’en saisir, l’État a prévu une enveloppe de 500 millions d'euros pour financer tout ou partie des frais de formation et les rémunérations des salariés en cours de formation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.