Emploi : la couleur avant les compétences ?
A l'embauche ou durant la vie professionnelle, la couleur peut être un handicap. Comment la discrimination raciale pénalise-t-elle l'emploi des personnes issues de l'immigration ?
Lors d'une embauche
Le taux de chômage des jeunes diplômés issus de l'immigration est trois fois plus élevé que celui de la moyenne nationale. "Paradoxalement, plus on a de diplômes plus le risque de se voir refuser à un emploi qualifié est élevé, indique SOS Racisme (...). C'est à partir du niveau bac +2 que la discrimination est la plus importante".Cette réalité, qu'elle touche le domaine de l'emploi ou les stages en entreprise, est quotidienne et reconnue. "Je suis le seul de ma promo, alors que j'en suis sorti major, à être toujours à la recherche d'un emploi" s'étonne ce jeune Supélec d'origine d'Afrique de l'Ouest. Certains recruteurs n'hésitent pas à procéder à un "tri" à partir du nom ou de la photo figurant sur un CV. La couleur ou le patronyme peuvent alors devenir un véritable frein à l'emploi. D'autres prétextent que tel poste est déjà attribué, ou posent de nouvelles exigences exagérées (qualification, horaires...). "Malgré mon niveau d'études élevé, ce n'est qu'en réussissant à décrocher des rendez-vous par mon réseau que j'ai réussi à trouver un poste. Mon CV seul, du fait de mon nom, n'a donné pratiquement aucun retour", témoigne Peng Han Cheung, conseiller en gestion de risques financiers, récemment embauché.
Le plafond de verre - le faux déni de la couleur en entreprise
Mais la discrimination ne cesse pas nécessairement après l'embauche d'une personne d'origine étrangère. Elle peut prend différentes formes au sein de l'entreprise. Les tâches peuvent être "ethnicisées" : au même niveau de diplôme, certains occupent postes moins qualifiés (et donc moins rémunérés) que les jeunes d'origine française. Une personne d'origine étrangère ne bénéficiera pas des mêmes augmentations de salaire que ses collègues effectuant le même travail et sera systématiquement écartée de toute promotion dans l'entreprise. Ainsi, ce Togolais, formateur depuis huit ans dans la même entreprise, qui s'est vu "souffler" le poste de DRH par un "cadre blanc" externe. Sa direction prétend que son origine n'a rien à voir avec cette nomination."On m'a rétorqué que là n'était pas la question, que je n'y étais pas du tout...sans pouvoir m'opposer d'arguments valables" témoigne ce formateur. Un cas typique du fameux plafond de verre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.