En l'état, la loi Travail ne sera pas adoptée par les députés, selon le rapporteur du texte
A compter de mardi, la loi Travail va passer deux semaines d'une épreuve à risque à l'Assemblée.
"Il manque près de 40 voix pour obtenir une majorité et voter la loi", estime le rapporteur de la loi Travail. Dans une interview à paraître lundi 2 mai dans Le Parisien, Christophe Sirugue enjoint les parlementaires PS à adopter le texte présenté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri.
A compter de mardi, le projet de réforme du Code du travail va être débattu pendant deux semaines. Une épreuve à risque à l'Assemblée, où, malgré la contestation d'une partie de la gauche, les critiques de la droite et la mobilisation populaire depuis deux mois, ses défenseurs espèrent une majorité. Les débats s'annoncent longs et houleux : 4 983 amendements ont été déposés sur ce texte de quelque 50 articles.
A gauche, des frondeurs et des indécis
Interrogé par le quotidien sur cette quarantaine de députés susceptibles d'empêcher l'adoption du texte, Christophe Sirugue évoque d'abord les "opposants historiques à l'intérieur du groupe PS, qui sont la vingtaine de frondeurs", lesquels "ne votent plus les textes du gouvernement". "Il y a ensuite ceux que j'appellerai les opposants 'de bonne foi', plusieurs dizaines, poursuit-il. Ceux-là ont des interrogations sur plusieurs points du texte, comme le périmètre des licenciements et le risque inhérent aux accords d'entreprise."
"Avoir laissé dire dès le début que cette loi allait faciliter les licenciements, c'est l'erreur, le péché originel", assure le rapporteur au Parisien. "Il faut sortir de cette approche, qui a placé le débat sur cette impression que toutes les entreprises allaient licencier (...). Ce n'est pas vrai !" martèle-t-il, prônant quelques modifications : "Concernant le développement des accords d'entreprise, il faut clarifier le texte", explique-t-il notamment.
Il met en garde le Medef
Au passage, Christophe Sirugue fustige l'attitude selon lui "scandaleuse" du Medef. L'organisation patronale menace de claquer la porte des négociations sur l'assurance chômage si ses revendications ne sont pas entendues sur la loi Travail.
"[Le président du Medef] Pierre Gattaz ne doit pas oublier qu'il y a encore une part des 40 milliards du crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE) qui doit être discuté lors du débat budgétaire de l'automne, rappelle le député PS au Parisien. S'il veut faire dans la menace, certains députés de la majorité useront des mêmes arguments pour reconditionner les 17 milliards restants à des contreparties en termes d'emploi."
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