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Chômage partiel refusé, locaux mal ventilés, jauges mal respectées... Coriolis épinglée par l'inspection du travail pour non-respect des règles sanitaires

Alertée par les syndicats de l'entreprise, une inspectrice du travail est venue contrôler le centre d'appels téléphoniques angevin de Coriolis. Ses conclusions sont édifiantes.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le logo de Coriolis sur une enseigne de l'entreprise. (SYLVESTRE / MAXPPP)

Il a fallu 18 pages à l'inspectrice du Travail pour relever tous les manquements au sein du centre d'appels Coriolis, à Angers, dans le Maine-et-Loire. Depuis début avril, huit salariés de cette entreprise, qui en emploie 400 à Angers, ont contracté le Covid-19. Une vingtaine de salariés seraient par ailleurs cas contact. Alertée par les syndicats, l'inspectrice a rendu une visite inopinée dans l'entreprise.

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Premier grief : le chômage partiel pour garde d'enfants. La direction l'a refusé à plusieurs salariés. Certains se retrouvent contraints de télétravailler avec des enfants en bas âge. Cela peut être constitutif d'une mise en danger de la vie d'autrui, écrit l'inspectrice.

D'autres ont été placés en absence non rémunérée, sans en être informés. C'est le cas de Dorianne, télé-opératrice : "J'ai un enfant de six ans, donc pour moi ce n'est pas possible de faire du télétravail, indique-t-elle. J'avais fait une demande à la direction, qui m'a invitée à remplir une déclaration sur l'honneur, disant que je serais le seul parent à bénéficier du chômage partiel. Cette chose faite, ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de souci..."

"Une semaine plus tard, j'ai découvert que j'étais en absence injustifiée et donc pas payée. Si ça continue, à la fin du mois je vais avoir trois semaines de salaire en moins."

Dorianne, télé-opératrice

à franceinfo

Avec un cluster de huit salariés, le centre d'appels est aussi épinglé en matière de santé et de sécurité. Il y a cette table de ping-pong sans gel hydroalcoolique à proximité; cette "roue de la fortune" pour gagner des minutes de pause que tout le monde peut toucher; le manque de ventilation; les jauges mal respectées; le recours insuffisant au télétravail... Et les sanctions financières pour les salariés qui ont exercé leur droit de retrait pour danger grave et imminent.

Pour Maurice Voisin, élu CGT au Comité social et économique de l'entreprise, Coriolis fait passer la rentabilité avant la santé de ses salariés. "L'entreprise est en grande expansion cette année", indique-t-il. Depuis janvier, elle est passée de 300 à 400 salariés, précise l'élu syndical. "Sauf que les locaux, eux, ne sont pas agrandis. 50% de l'entreprise est en télétravail et donc l'autre moitié reste sur le plateau, ce qui veut dire déjà 200 personnes", poursuit-il.

"L'entreprise veut à la fois monter en production sans mettre de côté les mesures pour protéger les salariés. Pour moi, c'est juste une question de rentabilité."

Maurice Voisin, élu CGT au CSE

à franceinfo

Après la visite de l'inspection du Travail, Coriolis est sommée de rectifier le tir. A défaut, l'entreprise peut être mise en demeure, avec à la clef des sanctions au civil ou au pénal si la situation est particulièrement grave. Contactée, la direction n'a pas répondu à nos sollicitations.

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