L'assurance-maladie teste la communication aux employeurs des motifs d'arrêt de travail de leurs salariés
Le responsable du service aux assurés en matière de risque professionnel annonce à "L'Express" que des entreprises de plus de 200 salariés sont contrôlées afin de lutter contre l'absentéisme. Pour sensibiliser les employeurs à cette question, la Sécu dévoile certains motifs récurrents d'arrêt de travail.
L'assurance-maladie a lancé une expérimentation qui dévoile à des employeurs les motifs d'arrêt de travail de leurs salariés, révèle mercredi 24 janvier L'Express. Le but : lutter contre l'absentéisme, "encourager la prise de conscience" des entreprises et leur "faire amorcer une réflexion sur [les] conditions de travail, puisqu'on sait qu'il y a une corrélation entre ces dernières et le nombre et la durée des arrêts", explique Laurent Bailly, responsable du service aux assurés en matière de risque professionnel.
Cette expérimentation a donné lieu à des visites d'entreprises en novembre et décembre 2017, dans des établissements de plus de 200 salariés. "Dans les plus petites sociétés, l'employeur pourrait trop facilement établir un lien évident avec tel ou tel collaborateur", précise Laurent Bailly.
En plus de données statistiques sur le taux d'absentéisme de ses concurrents et d'une estimation du coût représenté par ces arrêts de travail, l'entreprise visitée peut avoir accès aux motifs des arrêts de ses salariés. "En cas de contrôle de l'assuré, le motif de l'arrêt est codifié, nous disposons donc de l'information. En l'absence de contrôle, nous parvenons à reconstituer la pathologie à partir des consultations et des remboursements de médicaments", indique Laurent Bailly.
"On s'assure qu'il n'est pas possible de tracer les personnes"
Il donne un exemple : "Si le salarié a vu un psychiatre et pris des antidépresseurs, on peut en conclure qu'il a été arrêté pour dépression. Ce sont des algorithmes qui font le travail. Ils ont été développés à l'origine par le service du contrôle médical, pour essayer de mieux prévoir les contrôles en fonction des pathologies." Tous les motifs d'arrêts ne sont pas présentés à l'employeur.
Sont écartés : "Les petits arrêts courants (virus, poignet foulé, etc.), ainsi que les affections de longue durée (pour diabète par exemple)". En revanche, "les arrêts pour troubles musculo-squelettiques (TMS), les lombalgies (même si elles peuvent relever d'un TMS), et ceux liés aux risques psychosociaux" sont ciblés par la Sécu.
Laurent Bailly assure que le secret médical reste garanti malgré cette expérimentation. "Toutes les données sont analysées (...) et on s'assure qu'il n'est pas possible, même de manière indirecte, de tracer les personnes", affirme le responsable du service aux assurés en matière de risque professionnel. Il précise les partenaires sociaux ont approuvé cette expérimentation.
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