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"Une personne va faire le boulot de trois personnes chez Super U" : le malaise des salariés de Lidl avant un comité d'entreprise extraordinaire

Lidl organise un comité d'entreprise extraordinaire (CEE) jeudi pour évoquer les conditions de travail. Après les révélations de l'émission Cash investigation, les syndicats réclament de véritables engagements de leur direction.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un passage de l'émission "Cash investigation", diffusé mardi 26 septembre 2017 sur France 2. (FRANCE 2)

Un comité d'entreprise extraordinaire (CEE) de Lidl, consacré aux conditions de travail, se tient jeudi 19 octobre au siège social de Strasbourg. C'est une conséquence directe de la diffusion de l'émission Cash investigation sur France 2, le 26 septembre dernier. Les syndicats de l'enseigne de distribution exigent de véritables engagements de leur direction, après les divers abus révélés par le reportage. Le malaise semble palpable parmi les 30 000 salariés et certains témoignages sont édifiants.

Avertissements pour les salariés trop peu performants

La direction de Lidl a beau insister sur le dialogue social interne, "permanent" selon ses termes, avec plus de 500 réunions par an, les salariés ont reconnu dans le reportage de Cash investigation les méthodes de management abruptes qu'ils subissent parfois. "J'ai un début de hernie discale et à tout moment je peux me bloquer, mais je force", raconte ainsi Isabelle*, cadre intermédiaire dans un magasin en région parisienne. "Je suis obligée de claquer de la palette, d'être sur le terrain, de me donner à fond, de porter des charges lourdes, malgré mon état de santé."

Je n'ai pas le choix, sinon le magasin est en péril, on peut nous le reprocher et avoir des avertissements comme j'en ai déjà eus.

Isabelle, cadre intermédiaire dans un magasin Lidl d'Île-de-France

à franceinfo

Ce genre de situations, Mohamed Sylla les connaît bien. Ce délégué syndical national de l'Unsa chez Lidl dit même avoir alerté la direction depuis des années mais en vain. Aujourd'hui, il veut enfin que le personnel soit mieux traité : "Ce sont des salariés qui travaillent très dur donc en contrepartie nous demandons des efforts pour améliorer nos conditions de travail. On est pas en train de dire que tout est mauvais chez Lidl mais il y a des points à améliorer."

Les salariés en mode "hard discount" chez Lidl : le reportage de Raphaël Ebenstein

Les salariés toujours "en mode hard discount"

D'après certains salariés, la direction a d'ores et déjà choisi le déni en cherchant même à sanctionner les employés qui auraient fourni des documents internes confidentiels à l'équipe de Cash investigation. Le sous-effectif est pourtant chronique, selon Michèle. "Pour les clients ce n'est plus du hard discount mais le personnel de l'entreprise continue à travailler en mode hard discount", raconte cette caissière qui travaille dans un supermarché de Nantes depuis près de 20 ans. Elle a effectivement connu l'évolution du modèle hard discount vers celui d'un distributeur plus haut de gamme, entamée en 2012. "Chez nous, une personne va faire le boulot de trois personnes chez Super U. C'est hyper compliqué. Si je prends l'exemple d'une caissière, c'est mettre le pain, faire le ménage... C'est beaucoup de choses et les gens craquent au bout d'un moment."

Selon les syndicats, il y aurait environ 500 cas d'inaptitude professionnelle chaque année : des burn out, des dépressions ou de graves problèmes physiques, sans compter de nombreux départs de l'enseigne. La direction promet juste pour l'instant d'approfondir la réflexion sur le sujet et d'organiser de nouvelles réunions dans les mois à venir. Sollicitée par franceinfo, la direction de Lidl n'a pas souhaité s'exprimer autrement que par un bref communiqué.

* Les prénoms ont été modifiés.

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