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Chômage : 1997, 2013, même combat ?

Avec 3,224 millions de demandeurs d'emploi, le nombre de chômeurs en France a dépassé le record de 1997. Retour de la gauche au pouvoir, crise économique... la situation actuelle rappelle celle de l'époque. Mais les perspectives de croissance sont bien plus incertaines. 

Article rédigé par Clément Martel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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François Hollande et Lionel Jospin, alors premier secrétaire du PS et Premier ministre, le 28 mars 1998 à Paris. (PASCAL GUYOT / AFP)

Après avoir flirté pendant plusieurs mois avec la ligne rouge, le chômage a atteint son record historique avec 3,224 millions de chômeurs de catégorie A pour le mois de mars, d'après les chiffres de Pôle emploi publiés jeudi 25 avril. Le record précédent, datant de 1997 (3,195 millions), est dépassé. A l’époque, la gauche était revenue au pouvoir dans un contexte de crise économique, comme aujourd’hui. Et ce n'est pas le seul point commun entre les deux situations.

Une arrivée au pouvoir en pleine crise

En 1997, après deux ans de gouvernement Juppé, Jacques Chirac décide de dissoudre l’Assemblée. Le Parti socialiste revient au pouvoir, pour la troisième cohabitation de la Ve République. Si l’arrivée de François Hollande à la tête de l’Etat en mai dernier est quelque peu différente, “dans les deux cas, la gauche a été appelée aux affaires alors que la situation était catastrophique”, résume le député PS de Seine-et-Marne Olivier Faure. Avant l’annonce “record” de jeudi, 1997 est l’année où le nombre de demandeurs d’emploi avait atteint son pic, avec 3,195 millions de chômeurs en catégorie A.

Dans les deux cas, la crise est en cause. Si la hausse actuelle des chiffres du chômage, pour le vingt-troisième mois consécutif, découle de la crise de 2008, celle de 1997 résultait de la récession de 1992-1993, liée à la crise du système monétaire européen. “Il y a eu une pression économique avant l’entrée dans l’euro”, confirme l’économiste Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), avant d’ajouter : “Mais on savait que la croissance allait revenir. En 1997, le chômage augmentait alors qu’on créait des emplois, mais pas suffisamment, du fait du nombre de nouveaux arrivants sur le marché du travail. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, et on détruit des emplois."

Le rôle de l'Etat face aux plans sociaux

L’arrivée de Lionel Jospin à Matignon se fait dans un contexte économique plus que délicat. Il doit affronter nombre de plans sociaux, comme celui de Michelin, accompagnés de délocalisations. Et si le chômage baisse rapidement, aidé par la croissance et les initiatives gouvernementales, le Premier ministre ne peut sauvegarder tous les emplois, et a cette formule restée célèbre : “Il ne faut pas tout attendre de l’Etat.”

Pour François Hollande, le combat est différent. Face à une croissance quasi-inexistante et à la multiplication des plans sociaux, il tente des gestes forts, comme la création du ministère du Redressement productif. Et si Arnaud Montebourg estimait il y a peu avoir sauvé 60 000 emplois depuis sa prise de fonctions, la hausse du chômage ne s’est pas interrompue pour autant.

"Rien ne va assez vite en politique, plaide le député socialiste Olivier Faure. Entre le moment où une politique est mise en place et le début de ses effets, il y a un délai." Banque publique d'investissement, emplois d'avenir, contrats de génération… Ce secrétaire national à la Communication du PS est convaincu que les mesures prises par le gouvernement vont porter leurs fruits à terme, comme l'ont fait, selon lui, les emplois-jeunes ou les 35 heures en 1997.  

 Les perspectives de croissance

Plus encore qu'en 1997, l'influence de l'Europe se fait sentir. Sa politique budgétaire stricte empêche le retour de la croissance, soutient Eric Heyer. "Nous proposons de changer de cap au niveau européen, pour relâcher la pression, et ainsi relancer la croissance", développe l'économiste.

Pour sortir le pays du marasme économique et inverser la courbe du chômage, ce qu'a promis François Hollande avant la fin de l'année, Olivier Faure compte lui aussi sur une évolution au niveau européen, accompagnée d'un volontarisme français. "Il faut trouver la souplesse, l'oxygène qui manque aujourd'hui à l'activité du pays, dit-il, et la croissance va revenir."

Mais selon les experts, à la différence de 1997, les perspectives de croissance sont presque inexistantes, et le chômage va encore augmenter. D'autant "qu’il y a de plus en plus de chômeurs de longue durée, ce qui n’était pas le cas en 1997", souligne Eric Heyer. Suivant les prévisions de l'OFCE, les 11% de chômeurs devraient être dépassés d’ici la fin de l’année, sans que la croissance ne revienne avant 2015.

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