Comment François Hollande a tout donné pour inverser la courbe du chômage
Le président a martelé ce seul objectif tout au long de l'année 2013. Et y a mis les moyens.
"Toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d'ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte." Dans un salon de l'Elysée le 31 décembre 2012, François Hollande formule sa promesse phare pour 2013. Il la martèle tout au long de l'année. Malgré la barre symbolique des 10%, dépassée en mars. Malgré les prévisions pessimistes de l'Insee, de l'Unedic et de l'OCDE. Et malgré un raté dans la communication fin novembre.
Et le gouvernement y a mis les moyens. Francetv info revient sur ce qui permet au ministère du Travail d'affirmer que "l'inversion de la courbe du chômage est bel et bien engagée", et ce alors que le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A est en hausse en novembre.
Le choix de la bonne statistique
Quand François Hollande évoque la courbe du chômage, il parle de celle construite grâce aux chiffres transmis par Pôle emploi. Pas des statistiques trimestrielles de l'Insee, plus fiables selon les économistes car elles correspondent à la définition du chômage établie par le Bureau international du travail.
Les données de l'agence nationale pour l'emploi sont plus sensibles aux dispositifs de court terme que sont les emplois aidés ou la formation. Ainsi, le président de la République ambitionnait en mars "qu'un chômeur sur deux obtienne une formation dans un délai de deux mois après sa perte d'emploi". Or un demandeur d'emploi en formation n'apparaît plus dans la catégorie A, la plus regardée, celle des "sans aucune activité".
Typiquement, en octobre, le nombre de chômeurs de catégorie A était en repli de 0,6% par rapport au mois précédent. Tandis qu'en ajoutant les catégories B et C, il augmente de 0,8%, soit 39 600 chômeurs supplémentaires. Et les régions, qui ont compétence en matière de formation et dont 21 sur 22 sont dirigées par la gauche, se sont dites prêtes à former 100 000 chômeurs, rappelle L'Express.
Beaucoup d'emplois aidés
Il ne s'en cache pas, François Hollande a sorti le carnet de chèques. "Pourquoi je confirme l'inversion de la courbe de chômage ? Parce que nous avons mis en place une politique pour les jeunes avec les contrats de génération, avec surtout les emplois d'avenir et, pas simplement pour les jeunes, avec les emplois aidés", reconnaît-il jeudi 19 décembre lors d'une conférence de presse.
Quelque 86 000 emplois d'avenir ont été signés au 30 novembre, sur un objectif de 100 000 en 2013. Proposés aux jeunes de 16 à 25 ans, "sans qualification ou peu qualifiés", ces emplois sont financés par l'Etat à hauteur de 75% de la rémunération brute au niveau du smic pendant trois ans maximum. Le coût total annuel moyen : 23 015 euros par contrat. Soit 3,45 milliards d’euros par an avec un rythme de croisière de 150 000 emplois, selon les calculs de l'OFCE, l'Organisme français de la conjoncture économique (PDF). Pour une création nette de 80 000 emplois sur la durée du mandat.
Autre dispositif mis en place : les contrats de génération, qui prévoient une aide de 4 000 euros par an pendant trois ans pour les entreprises de moins de 300 salariés qui embauchent un jeune de moins de 26 ans en CDI, tout en maintenant en poste un salarié de plus de 57 ans. Après un démarrage laborieux, ils ont permis de diminuer encore un peu plus le chômage des jeunes et des seniors, populations les plus touchées. Montant total : 180 millions d'euros en 2013 et 540 millions en 2014, d'après les estimations du ministère du Travail.
Quelques mesures pour les entreprises
"La note de l'Insee s'intitule 'reprise poussive', donc il faut la pousser", a plaisanté François Hollande le 20 décembre au sujet de la croissance. Et pour ce faire, le gouvernement a choyé les entreprises, avec qui les relations avaient mal commencé.
Dans le discours d'abord : "entreprise" est le mot le plus prononcé par le président dans ses allocutions en un an de mandat. Et le président de saluer, aux Assises de l'entrepreunariat en avril, ceux qui "prennent chaque jour des risques pour notre économie et pour l'emploi" en affirmant que "notre premier devoir, c'est de stimuler l'esprit d'entreprise dans notre pays".
Dans la foulée, François Hollande annonce une série de mesures à destination des entrepreneurs : simplification de la taxation sur les plus-values réalisées lors des cessions d'entreprises, "flexisécurité à la française", en plus du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi dont le gouvernement attend 300 000 à 400 000 créations d'emplois et un soutien de la croissance à hauteur de 0,5 point à l'horizon 2017.
Et pas mal d'incantation
"Je confirme que tout est fait pour que l'inversion de la courbe du chômage puisse être réalisée", a insisté le président le 20 novembre. C'est la dernière affirmation en date d'une longue série. Six mois plus tôt, par exemple, en ouverture de la deuxième conférence sociale, il rappelle "un engagement : inverser durablement la courbe du chômage, pas un mois, pas deux mois, durablement (...) à la fin de l'année."
"Conscient de l'importance de la psychologie dans les mécanismes économiques, le chef de l'Etat veut insuffler de l'espoir. Il faut donner de l'espérance, sinon, comment mobiliser le pays ?", soulignait un proche du chef de l'Etat, le 31 décembre 2012. Et le chef de l'Etat de distiller, en juin, les nouvelles optimistes : "La crise dans la zone euro est terminée."
"C'est donc dans tout le tissu économique que la situation s'améliore", se satisfait Michel Sapin le ministre du Travail, en septembre, qui va jusqu'à voir une "reprise des embauches" en novembre. "C'est la différence entre la prévision et la volonté, entre le pronostic et l'engagement", assène encore François Hollande au salon du Bourget, en juin. Non sans un brin de méthode Coué.
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