Le chasseur de faux chômeurs percevait une allocation chômage
L'Unédic assure que son ex-employé n'a pas fraudé l'assurance-chomage et a remboursé de lui-même la somme perçue, contrairement à ce qu'avance "Le Canard enchaîné".
Tel que le raconte Le Canard enchaîné, c'est "faites ce que je dis, pas ce que je fais". Dans son édition datée du mercredi 9 mars, l'hebdomadaire affirme que l'ancien directeur de l'informatique de l'Unédic, organisme chargé de gérer les fonds de l’assurance-chômage, a perçu une allocation alors qu'il était en poste. D'autant plus étonnant qu'il supervisait justement l'équipe chargée de traquer les profils suspects dans le fichier des demandeurs d'emploi. Le principal intéressé a démenti toute fraude, jeudi 10 mars. Un démenti appuyé par l'Unédic, contactée par francetv info.
La version de cette affaire donnée par l'Unédic diffère de celle de l'hebdomadaire sur plusieurs points. Le Canard enchaîné explique qu'en octobre 2013, "soit un an après son embauche", Pierre Lachaize avait touché 4 982,30 euros d'allocation mensuelle. Dans son dossier à Pôle emploi, il disait travailler 15 heures par semaine pour un salaire de 1 050 euros, loin de son poste réel. Le journal satirique sous-entend, mais n'écrit pas, que le directeur de l'informatique touchait cette allocation depuis son embauche en septembre 2012.
"Toute l'affaire se résume à 5 000 euros sur mon compte pendant une semaine"
Interrogé par le site Silicon.fr, jeudi, Pierre Lachaize a démenti cette version des faits : "Je n’ai pas cumulé de salaires et d’allocations chômage pendant mes fonctions à l’Unédic." Il n'y a pas eu de fraude, confirme l'Unédic à francetv info. L'ex-employé a bien "déclaré, une fois, sur un mois donné, un montant d'heures ayant déclenché le versement d'une allocation". Un type d'erreur que l'Unédic affirme constater régulièrement. "Pour qu'il y ait fraude, il faut qu'il y ait eu une intention de percevoir de l'argent de façon indue", poursuit l'organisme.
"L'Unédic refuse de préciser s'il a été demandé au petit malin de rembourser les allocs", affirme Le Canard enchaîné. Mais l'organisme explique à francetv info que Pierre Lachaize a lui-même pris l'initiative, une semaine plus tard, de rembourser la somme. "Toute l’affaire se résume à 5 000 euros sur mon compte pendant une semaine", se défend celui qui est aujourd'hui consultant.
Car Pierre Lachaize a bien quitté l'Unédic après l'éclatement de l'affaire, en novembre 2013. Selon Le Canard enchaîné, il a d'abord été mis à pied à titre conservatoire, avant de signer une rupture conventionnelle, touchant au passage 160 000 euros d'indemnités. L'Unédic se retranche derrière des accords de confidentialité pour ne pas évoquer les raisons de cette rupture.
Licencié pour avoir découvert le nom de Pierre Lachaize dans le fichier des potentiels fraudeurs
Une personne a en revanche fait les frais de cette affaire : un informaticien qui avait découvert la présence de Pierre Lachaize sur le fichier des demandeurs d'emploi. Un fichier confidentiel auquel il n'avait pas l'autorisation d'accéder, autorisation qu'il aurait dû demander à sa hiérarchie, explique l'Unédic. Impossible de demander cette autorisation à Pierre Lachaize lui-même, ironise l'hebdomadaire satirique. L'organisme réplique que ce dernier n'était pas le supérieur hiérarchique de l'informaticien.
"Il n’y a jamais eu de lanceur d’alerte en interne", affirme l'Unédic : l'informaticien n'aurait informé ni la direction, ni les représentants du personnel de sa découverte. Après son licenciement, il a attaqué son ancien employeur aux prud'hommes. Le Canard enchaîné parle d'une "humiliante dispense de préavis" et de "pas un sou d'indemnité", tandis que l'Unédic affirme qu'il a reçu le dédommagement prévu par sa convention collective.
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