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La Cour des comptes suggère de baisser les allocations chômage

Les magistrats espèrent ainsi pouvoir lutter contre l'endettement de l'Unédic. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le stand de Pôle emploi au Salon pour l'emploi de Lille, le 28 mai 2015. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Au moment où François Hollande présente un nouveau plan de lutte contre le chômage, la Cour des comptes suggère, lundi 18 janvier, des mesures pour réduire la dette de l'Unédic, gestionnaire du régime d'assurance chômage. Et, pour faire des économies, elle propose notamment de rogner sur les allocations allouées aux demandeurs d'emploi. 

La dette de l'assurance chômage devrait atteindre 29,4 milliards d'euros fin 2016, et 35 milliards fin 2018, selon la Cour des comptes, ce qui menace "la soutenabilité du régime" géré par les partenaires sociaux. Tandis que la renégociation des règles d'indemnisation approche, les Sages ont remis ce rapport au bureau de l'Unédic le 12 janvier, annonce l'AFP, qui a consulté le document.

Des indemnités plus faibles 

Aujourd'hui, un chômeur célibataire sans enfant touche en moyenne 70% de son ancien salaire net. "Une diminution d'un point" de ce taux "représenterait une économie de 422 millions d'euros", estime la Cour.

Autre piste : "Le passage de la durée maximale d'indemnisation à trois ans pour les plus de 55 ans, au lieu de 50 ans aujourd'hui, représenterait une économie de 450 millions d'euros". La Cour prévient toutefois qu'une telle mesure aurait un "coût pour les finances publiques", en entraînant une "hausse des prestations versées dans le cadre du régime de solidarité".

La Cour pointe aussi du doigt le principe "un jour cotisé = un jour indemnisé" : le passage à un ratio de 0,9 jour indemnisé pour un cotisé "se traduirait par une économie de 1,2 milliard d'euros par an".

Des cotisations plus élevées

Enfin, du côté des recettes, elle note que le taux de contributions est "inchangé depuis 2007", alors que 0,1 point de cotisation supplémentaire rapporterait "environ 500 millions d'euros".

Elle évoque par ailleurs aussi le "coût élevé" du mécanisme d'activité réduite, qui permet à un allocataire de cumuler salaire et indemnités, ce qui peut "installer les salariés de certains secteurs dans la précarité".

Trop de chômeurs indemnisés ? 

Les auteurs du rapport relèvent, en outre, une forte hausse du nombre de demandeurs d'emploi indemnisés (+750 000 entre 2008 et 2014) et une augmentation de l'indemnisation moyenne (+7,8% en cinq ans). Ils fustigent un "taux de remplacement élevé par rapport aux autres pays de l'OCDE", le "plus grand nombre de chômeurs couverts" (au 31 octobre, 2,64 millions de demandeurs d'emploi percevaient l'assurance chômage, sur 6,13 millions d'inscrits à Pôle emploi en métropole), une durée maximale d'indemnisation parmi "les plus élevées" et le "montant maximal d'indemnisation [6 200 euros net par mois] le plus élevé parmi les pays comparables".

Ce rapport est rendu alors que la renégociation des règles d'indemnisation doit débuter dans quelques semaines. La durée et le montant des indemnités chômage doivent y être abordés "avec courage" par les partenaires sociauxa d'ores et déjà prévenu le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, interrogé le 13 janvier par Public Sénat et l'AFP.

Lors de l’émission "Preuves par trois", il avait jugé "assez vraisemblable" qu’il faille "un petit peu changer les paramètres de notre assurance chômage", qui a accusé en 2015 un déficit d’environ 4 milliards d’euros.

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