"On a, sans le vouloir, réinventé les journaliers" : la ministre du Travail déplore le recours aux CDD de plus en courts
En 2017, 20% des contrats en CDD ont duré une journée seulement. Une pratique en hausse, dénoncée mardi par Muriel Pénicaud.
Le recours aux contrats à durée déterminée (CDD) très courts ne cesse d'augmenter, selon un constat du ministère du Travail, à l'occasion mardi 11 septembre de la publication de nouvelles données. Ainsi, 20% des CDD signés l'an passé ont concerné un contrat d'une seule journée.
On savait déjà que les CDD représentaient près de 90% des embauches et que ces contrats étaient de plus en plus courts. On sait désormais que, l'an dernier, deux CDD sur dix ont duré seulement une journée. "Le fait majeur, c’est la progression majeure, très forte, des contrats très courts. On voit même que les contrats d’un jour deviennent très nombreux, a dénoncé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. On a, sans le vouloir, réinventé les journaliers." Ce travail à la tâche concerne notamment les jeunes, les femmes et les plus de 55 ans.
Le contrat d'usage au banc des accusés
Pour Xavier Timbeau, économiste à l'Office français des conjonctures économiques (OFCE), l'émergence de cette ultra-précarité est en partie liée à l'assouplissement des règles d'utilisation des CDD depuis des années. Cet expert pointe en particulier le CDD d'usage, permis dans une trentaine de secteurs, dont les services à la personne, la restauration ou encore les agences de voyage. "C’est un contrat à durée déterminée qui est hors de toute réglementation, estime Xavier Timbeau. C’est-à-dire qu’on peut renouveler le contrat autant de fois qu’on veut, la durée du contrat est totalement libre."
Cela a probablement généré l’emploi à la journée, le travail pratiquement à la tâche, des conditions d’emploi qui nous ramènent au XIXe siècle.
Xavier Timbeau, économiste à l'OFCEà franceinfo
Ces missions ultra-courtes, ces extras, "ont quelque chose d’assez effrayant qui ne fait pas honneur à la social-démocratie", selon l'économiste, alors que la lutte contre la précarité figure parmi les enjeux de la prochaine réforme de l'assurance chômage.
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