"Il n'y a plus un brin d'herbe pour les vaches" : les agriculteurs à nouveau frappés par la sécheresse en Saône-et-Loire
Pour la troisième année consécutive, les agriculteurs sont confrontés à la sécheresse. C’est le cas notamment en Saône-et-Loire pour l’élevage de charolaises, vantées comme donnant "la meilleure viande au monde". À Trivy, la sécheresse aura des conséquences économiques désastreuses pour les agriculteurs.
L'air un peu dépité, Pierre Rozier élève avec son frère Jean-Michel 65 vaches laitières et 40 charolaises à Trivy, à 30km de Mâcon. Il présente la prairie située juste à côté de l'exploitation. "Comme vous pouvez le constater, à force d'avoir des sécheresses à répétition depuis 2015, elle se dégrade d'année en année, explique l'éleveur. Elle ne se régénère pas comme elle devrait l'hiver donc aujourd'hui, il n'y a plus un brin d'herbe pour les vaches".
Prendre dans les stocks prévus pour l'hiver
L'élevage de charolaises est pratiqué sur des prés naturels non irrigables et totalement dépendants de la pluviométrie. Et ces prairies nourricières qui, avant, permettaient aux vaches de brouter tout en apportant le fourrage nécessaire pour l'hiver, se sont taries.
En faisant tourner les vaches sur des pâturages tournants, les deux agriculteurs ont réussi à avoir un peu d'herbe jusqu'à présent "mais à partir de la semaine prochaine, on est obligés d'alimenter tous les animaux, s'alarme-t-il. Ça veut dire prendre dans nos stocks qui sont prévus pour l'hiver, et si les stocks ne sont pas suffisants, acheter à l'extérieur". Il manque désormais 50% de fourrage cet été.
Moins de rendement, moins de viande et un surcoût chaque année
Pour les agriculteurs, les conséquences économiques sont très importantes, au point de s’interroger sur l’avenir de l’élevage de charolaises, vantées comme donnant "la meilleure viande au monde". Le surcoût pour ces éleveurs est de plus de 15 000 euros chaque année, et ce, sans compter les pertes indirectes. Moins de rendement pour les vaches laitières, moins de viande pour les charolaises.
Le problème, c'est que les années se suivent et se ressemblent, comme l'explique Jean-Michel Rozier. "Mentalement, c'est de plus en plus dur. Comme on dit, 'l'année prochaine, ça ira mieux' (...) J'ai mon fils Benoît qui va s'installer là au 1er janvier, c'est ce qui nous booste", explique l'éleveur.
La peur qu'on a, c'est que ça devienne un désert rural parce qu'il y a de moins en moins de jeunes qui veulent reprendre des exploitations, et des exploitations en cours qui se découragent.
Jean-Michel Rozier, éleveurà franceinfo
Si son fils de 21 ans est motivé, il constate également les dégâts de la sécheresse, notamment à 200 mètres d'ici, là où vivent les charolaises, une rivière, des prés complètement secs. "Auparavant, il y a cinq, six ans, c'étaient des parcelles où on pouvait même pas aller en tracteur tellement c'était humide, explique Benoît. On était obligés de faire des rigoles pour que l'eau s'écoule".
On voit que tout ce que l'on achète aujourd'hui augmente et tout ce qu'on vend est au même prix qu'il y a 30 ans !
Benoît Rozier, futur éleveurà franceinfo
Pour Benoît, il n'y a pas le choix, il va malheureusement falloir faire avec cette situation. "Je pense que dans les années qui viennent, on va être obligés de s'habituer malheureusement à tous ces épisodes de sécheresse. Par contre, il va falloir que le système s'adapte parce qu'aujourd'hui, on loue des terrains à 180 euros l'hectare chez nous pour une année, alors qu'on a de l'herbe deux mois dans l'année", insiste-t-il.
Ces agriculteurs réclament en vain des prix de vente garantis car la pluie, elle, est loin de l'être. "J'ai regardé la météo à dix jours jusqu'au 7 août, il n'y a pas une goutte d'eau".
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