Le dépit des apiculteurs face aux mauvaises récoltes de miel cette année : "C'est une douleur d'ouvrir des ruches mortes"
Les mauvaises conditions climatiques ont entraîné une baisse de la production de miel en 2021. Reportage en Seine-et-Marne auprès de deux frères apiculteurs.
Pour les producteurs de miel de l'Hexagone, c’est une année "désastreuse", selon les mots de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) qui évoque la "pire année" pour le secteur. En cause, les mauvaises conditions climatiques du printemps et de l’été qui entraînent une baisse de la production de 50% par rapport à 2020.
Selon les estimations, la récolte de miel sera de 7 000 à 9 000 tonnes seulement, ce qui inquiète les apiculteurs comme Rémi et Nicolas Martin. Ces deux frères, âgés de de 38 et 36 ans, ont leurs ruches à Lagny-sur-Marne dans le département de Seine-et-Marne. Avec leurs couleurs rouge, jaune, bleue ou verte, leurs 12 ruches sont facilement identifiables. Ils viennent les contrôler protégés par leur combinaison blanche, leurs gants, leurs bottes et leur voile sur le visage. "Les cadres devraient être pleins de miel, déplore l'un des deux frères en ouvrant une ruche. On voit qu'il y a des alvéoles qui ne sont pas remplies ou qui ne sont pas operculées. Il y a des espaces où il n'y a pas grand-chose dedans."
"C'est catastrophique pour les abeilles"
Cette année 2021, les deux apiculteurs enregistrent une baisse de 70% de leur production : pas d’acacia, pas de miel de sapin, très peu de miel de thym ou de tilleul. La météo capricieuse a privé les abeilles du nectar des fleurs. "Il y a eu une période où il a fait chaud et tous les bourgeons sont sortis et juste après il y a eu des gelées, du froid et de la pluie, explique Rémi. Du coup sans soleil, les floraisons ne se sont pas faites comme elles auraient dû. Donc, il y a eu beaucoup moins de nectar ce qui fait que la reine ne peut pas pondre parce qu'il n'y a rien pour nourrir ses larves. C'est catastrophique pour les abeilles."
Pour éviter aux colonies d’être frappées par la famine, Rémi et Nicolas Martin donnent parfois du miel puisé dans d’autres ruches à leurs abeilles. Aux aléas climatiques, s’ajoutent aussi d’autres fléaux : les pesticides, le varroa qui est un acarien ou le frelon asiatique qui vient décimer les colonies. Les deux frères sont inquiets. "On s'est lancés en 2012, on a tout auto-financé, explique Rémi. On est super fiers de ce qu'on a réussi à faire avec Nicolas mais toujours dans la douleur. La douleur d'ouvrir des ruches mortes ou de découvrir quel va être le prochain mal qui va ronger nos ruches."
Pour ne pas dépendre à 100% de la production de miel, Remi et Nicolas ont diversifié leur activité et proposent des savons, des bonbons ou des ateliers pédagogiques, mais les frères s’interrogent. Ils s‘étaient fixés pour objectif de vivre de l’apiculture cette année 2021. Faute d’avoir réussi, et en parallèle de leur vie d’apiculteur, l’un poursuit son activité de tailleur de pierre, et l’autre continue à travailler dans le monde du spectacle.
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