"Nous ne sommes pas capables d’affirmer que la plantation va survivre" : des champs de lavande de la Drôme ravagés par des chenilles
Dans la Drôme, à Chamaloc, les champs de lavande d'Alain Aubanel ont très vite changé de couleur. "Ils sont passés du bleu au gris. De loin, ça donne visuellement le même effet que la sécheresse", décrit-il. Sauf que la coupable, ce n'est pas la sécheresse mais la chenille noctuelle. Des papillons , venus du sud, poussés par le vent ont pondu des larves par milliers qui se sont ensuite transformées en chenilles. Elles ont dévoré de nombreuses parcelles en quelques jours, fin juillet, dans la Drôme, les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse.
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Ces chenilles noctuelles s'attaquent aux tiges de lavande, de quoi faire de gros dégâts et mettre à mal les récoltes en cours alors que le secteur de la lavande est déjà fragilisé par la baisse du cours de la plante. "La chenille se nourrit de la tige, et dès que la tige est mangée, elle sèche et la fleur tombe", explique Alain Aubanel.
Ce n'est pas la première fois que ce lavandiculteur et président Drôme-Ardèche des producteurs de plantes à parfum est touché. "Ce n'est pas la première année mais c'est la première année avec une telle intensité, souligne-t-il. On avait déjà eu des épisodes en 2018 et 2019. On avait vu les papillons, donc on savait que les chenilles allaient arriver et on avait sauvé une grosse partie de la récolte".
Des pièges à phéromones inefficaces cette fois-ci
Là, les cultivateurs se sont fait surprendre. Les pièges n'ont pas vraiment fonctionné : "Quand on s'est aperçus qu'il y avait les chenilles, c'était déjà trop tard. Il y avait pratiquement une chenille sur chaque brin de lavande". "Il y avait des pièges sur le secteur qui fonctionnent avec des phéromones. Cependant, si vous ne mettez pas les bonnes phéromones, vous ne capturez pas les bons papillons. Nous sommes en train de faire l’analyse ADN des chenilles, pour déterminer si ce sont de nouvelles noctuelles", précise Rudy Usseglio, producteur de lavande sur le plateau d'Albion.
En cinq jours, les dégâts ont été importants. "Dans la Drôme, dans le Diois, le Haut-Diois, il y a beaucoup de casse, dans les Baronnies, c'est vraiment une catastrophe, selon les parcelles, on va de 20 à 100 % de pertes", indique Alain Aubanel.
"A titre personnel, on est entre 50 et 70 % de dégâts sur nos parcelles."
Alain Aubanel, producteur de lavande à Chamaloc, dans la Drômeà franceinfo
Le marché ne sera pas pour autant perturbé puisque les stocks de lavande sont importants. Malgré tout, certaines exploitations pourraient se retrouver en difficulté. "Pour l’instant, nous ne sommes pas capables d’affirmer que la plantation va survivre, tant l’attaque est forte. Ce sera peut-être une double peine : la perte de la récolte et la perte du plant sur notre secteur", déplore Rudy Usseglio, qui exploite 200 hectares de cultures situées entre les Alpes-de-Haute-Provence et la Drôme.
Les professionnels du secteur sont en train d'évaluer les dégâts et de comptabiliser le nombre de producteurs touchés. La destruction des champs de lavande dans la Drôme aura des conséquences économiques pour les lavandiculteurs, mais aussi sur le tourisme. De nombreux vacanciers passent par le plateau d’Albion et de Valensole pour admirer les champs de lavande.
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