Nouvelle vidéo de L214 : "Ces images ne sont pas supportables", le "législateur doit prendre ses responsabilités", lance un éleveur de brebis
Laurent Réversat demande au législateur de "prendre ses responsabilités" pour mettre fin à certaines pratiques.
Le vice-président de l'association France Brebis Laitière, qui regroupe des éleveurs de brebis, Laurent Réversat, juge "pas supportables" les images dévoilées par l'association L214 mercredi 24 juin, montrant "la face cachée du roquefort" dans un centre d'engraissement et un abattoir de l'Aveyron qui entasse les agneaux malades. Tandis que l'association a déposé plainte pour "sévices graves", l'éleveur estime sur franceinfo que "si ça ne correspond plus aux attentes sociétales, alors le législateur doit prendre ses responsabilités".
franceinfo : Quelle est votre réaction après ces nouvelles images dévoilées par l'association L214 ?
Laurent Réversat : Face aux manquements dans les abattoirs, si ces images sont d'actualité, nous ne pouvons que nous associer au fait que L214 s'en offusque. Nous-mêmes, nous élevons nos animaux au mieux pour nourrir au mieux la population, donc on ne peut pas supporter que la chaîne du bien-être animal soit rompue, idem dans les centres d'engraissement. Je tiens à préciser que nous n'avons pas la responsabilité de ces centres d'engraissement. C'est au législateur de faire quelque chose, si la société ne veut plus de ce type de centres d'engraissement. (…) Ces images ne sont pas supportables.
Les centres d'engraissement et abattoirs qui ont de telles pratiques sont-ils nombreux ou sont-ce des cas particuliers ?
Ce n'est pas la norme. Il y a des centres d'engraissement qui sont chez les éleveurs dans des tailles beaucoup plus réduites, avec quelques centaines d'agneaux, soit le nombre d'agneaux qu'on peut trouver dans un élevage.
Nous, filière laitière, nous n'avons pas la responsabilité de ce qui se passe en aval.
Laurent Réversat, éleveur et vice-président de l'association France Brebis Laitièreà franceinfo
On peut s'en émouvoir, on peut chercher des solutions pour demain, mais on n'en a pas la responsabilité.
En appelez-vous au législateur pour empêcher de telles pratiques ?
Oui. Si on considère que l'élevage industriel et l'engraissement industriel n'est pas le modèle de demain - et ce n'est clairement pas celui de la filière brebis laitières où nous privilégions le pâturage de l'élevage des agneaux jusqu'à l'âge du sevrage - si ça ne correspond plus aux attentes sociétales, alors le législateur doit effectivement prendre ses responsabilités.
Qu'attendez-vous après la révélation de ces images ? Craignez-vous que votre filière en souffre ?
J'attends qu'on se mette autour d'une table, que les non-conformités soient revues dans les pratiques des abattoirs. C'est une attente forte de la part des éleveurs que nous sommes. Voir ce que deviennent nos animaux, ça ne nous convient pas. Sans doute qu'il y a des questions à se poser sur comment on fait pour que demain, on ne puisse plus montrer de tels centres d'engraissement. [Néanmoins] je crois que les citoyens qui sont aussi des consommateurs savent faire la part des choses. Ce qui n'est pas juste, c'est de faire l'amalgame entre un produit qui a, dans ses gènes, la qualité, qui a toujours travaillé ça et des pratiques qui sont celles d'industriels, produites par un même monde très libéral.
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