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Œufs contaminés : quatre questions sur l'amitraze, le nouvel insecticide recherché dans les élevages français

Des contrôles ont permis d'identifier de l'amitraze dans quelques élevages français de poules, alors que son utilisation y est interdite. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des œufs de poule dans la région de Namur (Belgique), le 12 août 2017. (JOHN THYS / AFP)

Après les œufs contaminés au fipronil, voilà que l'amitraze intrigue et inquiète. "Quelques élevages" français de poules pondeuses ont utilisé cet insectide "en dehors des modes d'utilisation autorisés", annonce le ministère de l'Agriculture, vendredi 25 août. Le gouvernement a demandé à l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) "d'évaluer le risque sanitaire éventuel que présenterait la présence de tels résidus dans les œufs". Des contrôles sont réalisés pour y déceler d'éventuelles traces de ce produit interdit dans les élevages de volailles.

Qu'est-ce que l'amitraze ?

"L'amitraze est une substance de synthèse à activité acaricide et insecticide de la famille des amidines", explique l'Anses. Il s'agit donc d'un produit phytosanitaire, utilisé pour lutter contre les parasites. Les apiculteurs, par exemple, l'utilisent dans les ruches, sous forme de lanières glissées au milieu des alvéoles pendant plusieurs semaines. Au contact du produit, les insectes résistent mieux à la varroase, une maladie liée à la présence du Varroa destructor, un acarien.

Comment a-t-il été découvert ?

Le gouvernement néerlandais a révélé mercredi qu'un deuxième insecticide "modérément toxique" avait été utilisé par Chickfriend, le prestataire de services incriminé dans l'affaire du fipronil. Mais le ministère français a affirmé mercredi ne pas avoir été alerté par la Commission de Bruxelles sur la possible présence de l'amitraze dans des ovoproduits venant des Pays-Bas et de Belgique. Les traces de ce nouvel insecticide ont donc été découvertes lors des contrôles poussés réalisés dans le sillage du fipronil. "Certaines de ces pratiques font actuellement l'objet d'investigations complémentaires, commente le ministère de l'Agriculure, en particulier l'usage de produits à base d'amitraze, constaté dans quelques élevages."

Ce produit est-il autorisé pour les volailles ?

Non, car il n'a pas d'autorisation de mise sur le marché pour les volailles, "que ce soit en traitement sur les animaux" ou pour désinfecter les bâtiments, explique le ministère de l'Agriculture. "En effet, aucun dossier de demande n'a été déposé auprès de la Commission européenne." Mais quelques élevages l'ont pourtant utilisé, sans doute pour lutter contre la présence du pou rouge, un parasite qui se nourrit du sang des poules.

Contrairement au fipronil, dont l'usage est interdit dans les productions animales, l'amitraze est autorisé comme médicament vétérinaire pour le traitement antiparasitaire des ruminants, porcs et abeilles.

Est-ce un produit toxique ?

"Les données de toxicologie fournies à l’appui des dossiers d’autorisation de mise sur le marché montrent une toxicité faible de la substance sur les animaux de laboratoire", estimait l'Anses, en février. Malgré tout, ce produit est interdit depuis 2008 dans l'UE pour traiter les plantes, rappelle France Inter. Son utilisation en biocide est également prohibée, et il est donc impossible de le vaporiser sur des étables ou dans des poulaillers. Il est parfois utilisé dans la composition de colliers antiparasitaires pour chiens afin de lutter contre les tiques. Mais en septembre 2016, l'autorisation de mise sur le marché de deux d'entre eux a été suspendue.

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