"Rien ne prédit une pénurie de rosé cet été"
Les mauvaises récoltent de l'année dernière vont-elles se répercuter sur les apéros de cet été ? Franceinfo a posé la question à Alain Baccino, viticulteur et président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence.
Va-t-on connaître des soirées d'été sans rosé ? Un article des Échos, publié vendredi 18 mai, a suscité l'inquiétude de nombreux internautes en révélant les mauvais chiffres du secteur viticole français, premier exportateur de rosé. En quinze ans, la consommation mondiale de ce vin estival a augmenté de 31% et, dans l'Hexagone, les Français consommeraient en moyenne une vingtaine de bouteilles par an. Mais si la demande croît considérablement, l'offre, elle, a du mal à suivre.
En cause notamment : les récoltes particulièrement faibles pour le millésime 2017. Pour la seule région de Provence, qui représente un cinquième du volume des exportations françaises, on dénombre 20 millions de bouteilles en moins, soit une baisse de la production de 12%, rapportent Les Échos. Faut-il pour autant craindre une pénurie ? Franceinfo a posé la question à Alain Baccino, viticulteur et président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) qui regroupe plusieurs Appellations d'origine contrôlées (AOC), dont le très populaire Côtes-de-Provence.
Franceinfo : Y a-t-il un risque de pénurie cette année ?
Alain Baccino : Non. Nous, les professionnels du secteur, nous n'avons jamais parlé de pénurie. Nous ne sommes pas du tout inquiets. Ce n'est, de toute façon, que le début de saison et il est bien trop tôt pour évoquer un possible manque. Nous sommes évidemment vigilants et nous disposons d'outils de veille pour suivre la consommation de près. Mais pour le moment, malgré une récolte moins importante l'année dernière, les voyants restent au vert. Je le répète : il n'y a rien qui prédit une pénurie de rosé cet été.
Pourtant, vous expliquiez que les récoltes ont été mauvaise l'année dernière.
Pour la région Provence, la récolte a en effet été plus faible d'environ 12% l'année dernière, même si nous ne connaissons pas encore les chiffres avec précision des autres productions françaises. Mais il n'y a rien de catastrophique. Nous avons connu des années où la production a été encore plus faible et nous avons été en mesure d'absorber la demande. Il y a aussi d'autres régions qui produisent du rosé et, de plus, nous disposons de stocks.
Je vous rassure : en ce début de saison, les caves sont encore pleines.
Alain Baccino, viticulteur et président du Conseil interprofessionnel des vins de Provenceà franceinfo
La demande de vin rosé a considérablement augmenté ces dernières années. N'y a-t-il pas un risque qu'elle soit encore très importante cette année ?
Pour le rosé, la demande dépend de beaucoup de variables, dont l'ensoleillement. Quand il fait beau, les ventes de rosé augmentent. L'année dernière, par exemple, nous avons connu une très forte consommation en août et en septembre 2017. Cette année, pour le moment, nous ne sommes pas gâtés par le temps, si bien que la saison a tardé à démarrer. Même si le rosé se consomme toute au long de l'année, l'ensoleillement a tout de même un impact sur la production. De plus, il est possible que la récolte de cette année, si elle est bonne, viennent directement répondre à la demande en fin d'année. C'est notamment pour cette raison qu'il n'est pas justifié de s'inquiéter maintenant.
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