Salon de l'agriculture : des agriculteurs organisent leur speed-dating contre l'agribashing pour échanger avec le public
Critiqués, pointés du doigt, les agriculteurs veulent renouer le dialogue avec les Français. Jusqu'à dimanche, ils organisent un speed-dating au salon de l'agriculture afin de répondre aux inquiétudes du public.
"Un petit coup de cloche, cinq minutes, un échange sincère, une question, une réponse". Ici, pas question de trouver l'amour, mais plutôt de séduire, de renouer le dialogue avec le public. Au salon de l'agriculture, porte de Versailles à Paris, ces agriculteurs organisent leur speed-dating contre l'agribashing, comprenez le dénigrement systématique du métier d'agriculteur.
Ils ont d'abord lancé un numéro vert en septembre dernier. Au total, 130 professionnels sont mobilisés toute l'année pour rassurer sur leur manière de travailler, notamment sur le bien-être animal ou sur les pesticides.
Aucune question taboue
Les professionnels en ont marre. D'autant que pour Jérôme Régnault, céréalier à Plaisir, dans les Yvelines, l'agribashing est souvent lié à une mauvaise connaissance du métier. "Accepter que moralement on entende qu'un éleveur laitier est un violeur quand il insémine la vache, et qu'un éleveur de race à viande est un nazi parce que les animaux se retrouveront dans les boucheries françaises, c'est insupportable !", lâche-t-il.
Le milieu agricole a toujours su se remettre en question, donc on peut évoluer tous ensemble!
Jérôme Régnaultà franceinfo
Et il n'y a aucune question taboue. Un seul mot d'ordre : dialoguer en toute transparence. Comme celle de Jean-Baptiste, originaire de Seine-et-Marne. "On m'a dit dans une formation que j'avais fait, où on parlait pas mal des bêtes, qu'après un salon comme celui-ci, toutes les bêtes qui avaient été mises en exposition, on ne peut plus les utiliser pour la viande car elles ont été stressées à cause du bruit, donc après le salon elles seraient toutes mises à mort. C'est vrai ?", demande-t-il.
"Évidemment, c'est faux", répond un agriculteur. "Par contre, mais comme nous sommes en transhumance parfois, c'est-à-dire une remise à l'herbe, il y a des petites périodes de transition. Comme nous on peut être crevé après sept heures de voiture pour partir en voyage. Donc certainement un petit stress etc, mais comme je vous dis, elles sont tellement soignées que c'est maîtrisé", affirme-t-il.
S'installer comme jeune agriculteur
Et puis, il y a Yazid et Rémi, de Perpignan, venus interpeller Philippe Levavasseur, producteur de lait en Normandie. Eux hésitent à reprendre l'exploitation familiale. Les jeunes qui sont de moins en moins nombreux à se lancer : 8.5% des agriculteurs seulement ont moins de 35 ans. "En étant jeune, est-ce qu'on peut s'installer ou est-ce qu'on doit ? Pour l'avenir, est-ce que ça vaut le coup de s'installer ?", se demandent-ils.
"C'est évident", lui répond un agriculteur. "Des jeunes agriculteurs, il va en falloir plein, mais il faut absolument être motivé. Il faut surtout ne pas avoir peur d'aller voir ailleurs, d'aller se former, d'aller dans d'autres régions, discuter... C'est chouette d'avoir des jeunes motivés comme ça." Pour poursuivre le dialogue au delà du salon, il reste toujours le numéro vert : le 0 805 382 382.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.