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Sécheresse : "Pour certaines plantes comme le maïs, c'est foutu", regrette Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA

La France connaît actuellement une sécheresse intense touchant la quasi-totalité de ses départements.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Certaines cultures sont complètement asséchées par la vague de chaleur. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

Juillet 2022 sera très probablement le mois de juillet le plus sec jamais enregistré en France depuis 1959, selon Météo France. "Pour certaines plantes comme le maïs, c'est foutu", déplore Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, ce jeudi 27 juillet sur franceinfo. Elle dénonce le "retard" de la France sur l'irrigation et le stockage d'eau et appelle les Français à "jouer la solidarité en achetant des produits français".

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franceinfo : Quels sont les secteurs de l'agriculture qui souffrent particulièrement aujourd'hui ?

Christiane Lambert : Aujourd'hui, ce sont les prairies qui sont totalement desséchées. C'est le maïs qui a soif, le tournesol et la vigne qui brûlent, et aussi le soleil qui fait un effet sèche-cheveux sur les fruits et qui les brûle. Il y aussi évidemment l'élevage : quand les températures sont élevées comme ça, il y a moins de production de lait. À plus de 35 degrés, c'est moins 10% de production laitière. Il n'y aucun secteur qui ne souffre pas de cette sécheresse. Les rendements sont en baisse de 30% à 50% dans certains territoires, comme en Bourgogne, en Occitanie, en Charente. Cependant, sur l'ensemble de la France, la production de céréales a tenu, puisque nous sommes grosso modo à une baisse de 2% à 3% des rendements. Nous ferons face avec les céréales françaises et d'ailleurs, nous avons de plus en plus d'appels de pays comme l'Algérie ou la Tunisie, qui s'étaient tournés vers la Russie parce que c'était moins cher et qui aujourd'hui se trouvent en panne de livraisons.

Cette sécheresse est extrêmement forte. Des arrêtés restreignent l'usage de l'eau dans 91 départements, y compris à des fins agricoles. Quelles en sont les conséquences ?

Les cultures ont besoin d'eau tous les jours. Quand on nous demande d'arrêter l'irrigation tout de suite, en nous disant qu'il pleuvra dans dix jours, on a envie de dire que dans dix jours, les cultures seront mortes. La difficulté que nous avons, c'est d'assurer la continuité avec un minimum d'eau apportée à la plante pour qu'elle tienne bon et qu'on puisse avoir un redémarrage quand la pluie va arriver. Je peux vous dire quand même que pour certaines plantes comme le maïs, c'est foutu. Nous sommes en pleine fécondation et quand il n'y a pas d'épis, il n'y a pas de grain et donc pas de rendement.

Faut-il revoir la manière dont on gère l'eau en France et équiper les fermes, par exemple, pour qu'elles puissent stocker l'excédent de pluie l'hiver ?

Tout à fait. Certains pays le font beaucoup mieux que nous d'ailleurs. Le comble, c'est que cette année, on va acheter des fourrages en Espagne, pays plus au sud, plus sec, mais qui utilise beaucoup plus d'irrigation et qui a des stocks plus importants. C'est complètement insensé d'importer de la paille qui vient de chez eux. Le Varenne agricole de l'eau, conclu par le Premier ministre en janvier, prévoit justement d'augmenter la capacité de stockage. En hiver, nous avons des pluies diluviennes et de plus en plus d'inondations. Si nous captions ne serait-ce que 10 % de cette eau qui file à toute allure vers la mer, si nous pouvions l'utiliser quand on en a besoin, ce serait bien. Aujourd'hui, on ne stocke en France qu'1,7% de l'eau de pluie. L'Espagne en stocke 25%. Nous n'en faisons pas suffisamment. En France, nous avons augmenté de 1% nos réserves d'eau en dix ans. Dans le même temps, l'Europe les a augmentées de 13%. On regarde la pluie tomber, s'en aller et on ne stocke pas pour des raisons purement idéologiques et politiques. Nous avons pris un retard énorme. Il ne faut pas s'étonner que les fruits et les légumes soient chers. Si nous n'avons pas d'eau, ils coûtent plus chers à produire.

Faut-il aider les agriculteurs à acheter leur carburant. Faut-il une aide spécifique pour les agriculteurs ?

Le carburant agricole a doublé en un an et c'est une hausse très importante. Les engrais ont augmenté de plus de 100%. Le carton, l'acier, la main d'œuvre, tout a augmenté. Il est logique qu'on puisse répercuter ces charges qui augmentent, sinon on sera dans le rouge. La meilleure aide qu'on puisse avoir, c'est que les Français jouent la solidarité, soutiennent les agriculteurs français en achetant prioritairement des produits français.

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