"Une saison négative pour les producteurs d'abricots" : cette année, les fruits de saison n'ont pas la cote
À part dans le sud-est du pays, on ne peut pas dire que le soleil ait particulièrement été au rendez-vous pour la première moitié de cet été. Conséquence concrète sur les marchés : les fruits de saison se vendent moins bien sur les marchés. Cette baisse de consommation de fruits et légumes cet été concerne particulièrement les abricots, selon l'Interfel, l'association qui rassemble les producteurs de fruits et légumes.
Les producteurs sont contraints de baisser les prix, mais les fruits restent sur les étals en fin de marché, comme dans la Drôme. À la fin du marché de la Place Danton, à Valence, l'arboriculteur Hervé Mandier remballe ses cagettes dans son camion. Elles sont pourtant encore pleines d'abricots. "Je suis arrivé avec une centaine de kilos. Il m'en reste la moitié. L'année passée, ça partait tôt. Mais bon, il y avait beaucoup moins de production. Cette année, il y a 20% de production en plus."
Pourtant, l'été dernier, il arrivait avec la même quantité le matin, mais cette année, "c'est très dur à vendre", reconnaît ce producteur de Parnans, dans la Drôme des collines, qui voit ses ventes chuter. Car les clients, comme Christine, boudent les fruits de saison. "À cause de la météo. Quand il fait froid, on mange moins d'abricots ou de pêches, de melons. Je confirme que j'ai moins acheté."
Les producteurs bradent les prix
Alors, pour attirer les clients, les producteurs et les vendeurs baissent leurs prix. Sur ces étals de Valence, il faut compter autour de trois euros le kilo d'abricots, voire moins, 1,50 euro pour des fruits abîmés par les dernières grêles. Salim est un gros consommateur d'abricots, il en achète "tous les trois quatre jours", et ne manque pas de surveiller les prix. "J'ai constaté qu'au début du mois de juillet, le prix des abricots coûtait facilement un euro plus cher le kilo."
En effet, le prix des abricots est en baisse sur les marchés, comme dans les rayons des grandes surfaces. L'indicateur de prix est ainsi à -23% cette semaine par rapport à la moyenne des années précédentes, une bonne nouvelle pour les clients, mais pas pour l'économie de la filière.
Une production en hausse
Les producteurs d'abricots n'ont pas le choix, ils bradent leurs fruits pour écouler leur récolte, alors que les stocks ont atteint des quantités inhabituelles, jusqu'à presque 10 000 tonnes fin juillet. "C'est inhabituel", selon le président de l'AOP, l'appellation d'origine protégée pêches et abricots de France. Bruno Darnaud, lui-même producteur à la Roche-de-Glun, au nord de Valence, redoute maintenant l'heure des comptes.
Car avec des prix trop bas, les exploitants auront du mal à couvrir leurs frais. "Le coût de revient de l'abricot, on l'a estimé autour de deux euros le kilo. Un coût qui, en plus, a monté ces dernières années, notamment avec la hausse de la main-d’œuvre. Et puis l'inflation a amené aussi tous les intrants qui font que le coût de revient a augmenté. Or, aujourd'hui, il y a beaucoup de ventes en dessous de ces deux euros. Donc ça va être une saison négative pour les producteurs d'abricots."
Alors, depuis son verger, en croquant l'un de ses derniers fruits, Bruno Darnaud en appelle aux consommateurs pour qu'ils achètent des abricots français jusqu'à la fin de l'été : "Quand il y en a, il faut en profiter. Et en plus, aujourd'hui, il y a vraiment des bons abricots."
Quelques signaux positifs
Bruno Darnaud vend sa production à travers une coopérative, la Rhoda Coop. Son responsable commercial, Eric Jiguel, fait part de sa surprise face à la situation. "Nous sommes face à une récolte normale en quantité, après quelques années où il y avait moins d’abricots en France et plus généralement en Europe."
Il tient néanmoins à souligner quelques bonnes nouvelles cette année : "Jusque-là, on vendait peu à l’export, face à la concurrence espagnole et italienne. Depuis quelques jours, le marché à l’export semble reprendre, car les producteurs italiens terminent leur récolte. Ce sont des signes positifs, car si les ventes à l’export reprennent et attirent plus de marchandises, cela va alléger le marché français. On va pouvoir revenir à une situation plus équilibrée et sereine en fin de saison."
Le marché français représente 120 à 130 000 tonnes d'abricots chaque année.
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