Vague de froid : "Quelques heures de températures négatives sur de très petits fruits peuvent anéantir une production entière", explique un arboriculteur
Face à la vague de froid qui frappe actuellement la France, la sensibilité des cultures de fruits "est extrême en ce moment", estime Jérôme Jury, membre du Conseil d'administration de la Fédération nationale des producteurs de fruits.
"Quelques heures de températures négatives sur de très petits fruits peuvent anéantir une production entière", explique Jérôme Jury, arboriculteur à Saint-Prim en Isère et membre du Conseil d'administration de la Fédération nationale des producteurs de fruits mardi 6 avril sur franceinfo. Alors que la France connaît cette semaine une vague de froid, avec des températures 10 degrés en-dessous des normales de saison, l'arboriculteur s'est dit "très inquiet" pour ses cultures dont la sensibilité est "extrême en ce moment".
franceinfo : Chez vous, dans le Nord-Isère on attend des températures de moins un à moins trois degrés cette semaine. Êtes-vous inquiet ?
Jérôme Jury : Oui, je suis très inquiet. Malheureusement, ce type d'événement se produit de plus en plus régulièrement : c'était le cas en 2019, en 2020 et ça l'est à nouveau en 2021. Ces descentes d'air polaire qui se produisent toujours au début du mois d'avril sont très inquiétantes. Pour le moment, il n'y a pas eu de catastrophe, les fruits sont toujours sur les arbres. Mais les fruits à noyau ont terminé de fleurir au mois de mars et ils en sont maintenant au stade de "petits fruits", et les fruits à pépin comme les poires ou les pommes sont en pleine floraison donc la sensibilité des cultures est extrême en ce moment.
"Une température de moins un degré pourrait détruire une partie de notre récolte. Et si les températures descendaient encore, ça pourrait être gravissime."
Jérôme Jury, arboriculteurà franceinfo
Les récoltes pourraient être gâchées en quelques jours ?
Quelques heures suffisent, en réalité. Quelques heures de températures négatives sur de très petits fruits peuvent anéantir une production entière. Ces derniers jours, nous avons mis en place toutes sortes de moyens pour lutter contre ces masses d'air froides en réchauffant l'atmosphère sous nos arbres fruitiers. Nous utilisons par exemple des bougies, sous forme de seaux de dix kilos de paraffine, que nous plaçons sous chaque arbre. La flamme fait environ 50 centimètres de haut et permet de réchauffer l'atmosphère sous la plante. Avec 400 bougies à l'hectare, on parvient à remonter la température de trois ou quatre degrés.
Les anciens nous dirons que, jusqu'aux saints de glace début mai, le risque de gel est toujours présent. Ce n'est donc pas nouveau. Ce qui l'est en revanche, ce sont ces températures très douces en hiver...
C'est vrai qu'on relève des amplitudes de températures très fortes d'une semaine à l'autre. Elles peuvent aller jusqu'à 30 degrés, ce qui est très compliqué à gérer pour les arboriculteurs. Je fais aussi des fraises sous serre, et les températures sous la structure peuvent monter très haut la journée et descendre jusqu'à zéro la nuit. Le végétal n'apprécie pas forcément ce type de phénomène. Mes collègues viticulteurs de Condrieu, Saint-Joseph et Vins de Vienne sont très inquiets eux aussi.
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