: Vidéo Malgré l’interdiction de l’Etat, des agriculteurs construisent un barrage
Dans le Lot-et-Garonne, l’oeil du 20 heures a trouvé un coin de campagne où la loi ne s’applique pas. Un arrêté du préfet interdit la construction d’un barrage ? Peu importe, les travaux pharaoniques commencent quand même.
Une retenue d’eau de 20 hectares, une digue de 378 mètres de long pour 12 mètres de haut : voilà le projet du barrage de Caussade. Voulu par les agriculteurs confrontés à la sécheresse pour irriguer leurs cultures en été, il n’est pourtant « pas autorisé » depuis un arrêté préfectoral du 15 octobre.
Les gendarmes ? “Qu’ils viennent !”
Mais le 4 décembre, les pelleteuses étaient bien en action sur ces terres, propriété de la Chambre d’Agriculture. Depuis 15 jours, les agriculteurs qui financent ce projet veillent sur le chantier. Contactés, ils ont refusé de s’exprimer. Mais en caméra cachée, ils confient : “Ce projet, localement, il est utile. Evidemment, on est quand même dans l’illégalité.” Et si les gendarmes débarquaient ? “Qu’ils viennent, on les attend !”
Si les agriculteurs s’autorisent à terrasser ce coin de nature, c’est que l’administration a tergiversé sur leur projet : malgré les avis défavorables de deux instances de protection de l’environnement, le barrage est d’abord autorisé le 29 juin par la préfecture. Mais tout change le 18 septembre quand les ministres de l’écologie et de l’agriculture s’en mêlent. Dans un courrier, ils demandent de « retirer cette autorisation », car selon eux, son caractère d’intérêt général n’est pas établi. Autorisation retirée, le 15 octobre.
“On n’a jamais vu deux semaines de travaux sans intervention policière”
De leur côté, les maires du département ont pris le parti des agriculteurs, contre la décision de l’Etat.
Aujourd’hui nous sommes solidaires d’une désobéissance civile, alors que ce n’est vraiment pas notre culture, parce que nous la pensons profondément légitime.
Jean Dionis du Séjour - Maire (MoDem) d'Agen (Lot-et-Garonne)
Les associations environnementales qui s’opposent au projet, dénoncent, elles, un laxisme de l’Etat, aux conséquences déjà catastrophiques pour la faune et la flore. “Quand des militants écologistes font un sit-in, en 24 heures les gendarmes arrivent,” relève Anne Roques, juriste de l’Association France Nature Environnement. “Et là depuis deux semaines, personne ne fait rien. On n’a jamais vu deux semaines de travaux sans intervention policière !”
La semaine dernière, le Préfet de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a refusé de s’exprimer, a annoncé une plainte de l’Etat. Mais pour l’heure, les coups de pelleteuse continuent, et les agriculteurs pensent avoir fini les travaux d’ici un mois.
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