Attentat de Nice : cinq questions sur la réserve opérationnelle
Après l'attaque au camion qui a fait 84 morts le soir du 14-Juillet, l'exécutif a décidé de mobiliser ces réservistes et a lancé un appel pour en recruter.
"J'ai décidé de faire appel à la réserve opérationnelle." Quelques heures après l'attentat qui a fait au moins 84 morts sur la promenade des Anglais à Nice, le soir du 14-Juillet, François Hollande a fait cette annonce solennelle, dans la nuit de jeudi à vendredi. Samedi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a lancé, lui, un appel : "Tous les Français patriotes qui le souhaitent" peuvent rejoindre les rangs de ces réservistes.
>> Suivez en direct l'enquête sur l'attentat de Nice
Mais quel est donc le rôle de cette réserve opérationnelle ? Et comment devenir réserviste ? Francetv info liste les questions et y apporte des réponses.
Quelle est la différence entre la réserse opérationnelle et les autres réserves ?
La réserve militaire comprend trois réserves différentes : la réserve citoyenne de défense et de sécurité, la réserve citoyenne cyberdéfense et la réserve opérationnelle.
La réserve citoyenne de défense et de sécurité regroupe des bénévoles, sollicités pour des actions de communication, de relations publiques, de recrutement ou pour les commémorations. Ils peuvent aussi aider à la reconversion des militaires. Ces volontaires sont 3 680 répartis entre la gendarmerie et le ministère de la défense.
La réserve citoyenne cyberdéfense rassemble des professionnels et des étudiants en fin d'études, s'intéressant de près à la cybersécurité et mettant leur expertise au service de la défense. Ce réseau n'est composé que de 150 bénévoles participant à des groupes de travail.
La réserve opérationnelle est, comme son nom l'indique, celle susceptible de mener des opérations militaires sur le terrain. Elle est la plus importante en effectifs et est composée de civils volontaires, de militaires ou d'anciens militaires.
Combien y a-t-il de réservistes opérationnels ?
En 2015, la réserve militaire opérationnelle comptait 54 374 réservistes sous engagement : 28 100 pour les armées et la direction générale de l'armement et 26 274 pour la gendarmerie.
Une seconde réserve opérationnelle, beaucoup plus importante, placée sous un régime obligatoire cette fois, comptait l'an dernier 127 022 anciens militaires. Environ 98 000 anciens militaires d'active et 28 000 anciens gendarmes, soumis à une obligation de disponibilité dans les cinq ans suivant la fin de leur contrat, parmi lesquels l'Etat peut puiser en cas de nécessité.
Qui peut entrer dans la réserve opérationnelle ?
Le réserviste doit être âgé au minimum de 17 ans. Il doit être français ou ancien militaire engagé à titre étranger volontaire pour servir comme réserviste dans la légion étrangère. Il doit aussi être en règle avec ses obligations envers le service national et ne pas avoir été condamné à une peine criminelle ou ayant entraîné la perte des droits civiques, l'interdiction d'exercer un emploi public, la destitution ou la perte du grade (pour les militaires). Enfin, il doit être apte médicalement.
Les volontaires peuvent être issus de la société civile (salariés, professions libérales, étudiants...) ou être d'anciens militaires. Ils signent un contrat pour une durée d'un à cinq ans, assorti d'une solde, comme les militaires de carrière. S'ils sont salariés, ils doivent obtenir l'accord de leur employeur.
Si les volontaires remplissent ces conditions, ils peuvent se rendre dans un centre d'information et de recrutement des forces armées (Cirfa) ou de la gendarmerie pour s'engager.
Quelles sont les missions d'un réserviste opérationnel ?
Les réservistes peuvent être amenés à assurer les mêmes missions que les militaires. Soldats, sous-officiers ou officiers, ils effectuent des manœuvres, participent à la surveillance du territoire ou renforcent les états-majors. Ils peuvent aussi apporter des expertises techniques rares (communications, connaissance de langues étrangères, spécialiste logistique). Un petit nombre d'entre eux - environ 300 - sont envoyés chaque année sur les théâtres d'opérations extérieurs, notamment dans le service de santé des armées ou le renseignement.
Les réservistes ont des périodes de réserve régulières, avec entraînement au tir et au secourisme. Ils sont mobilisables 30 jours maximum par an. Ce seuil peut être porté à 60 jours "pour répondre aux besoins des armées", voire 150 jours "en cas de nécessité liée à l'emploi des forces" ou même 210 jours "pour les emplois présentant un intérêt de portée nationale ou internationale". Mais en moyenne ils servent 25 jours par an.
Et est-elle vraiment utile cette réserve opérationnelle ?
Le lieutenant-colonel Gérald Orlik a rendu un avis assez critique sur l'efficacité de cette réserve, lors de son audition devant la commission de défense nationale et des forces armées en avril 2015, note Le Monde. Le militaire a notamment pointé le temps nécessaire à la formation des réservistes. "Le premier obstacle pour nous est le temps nécessaire à la préparation et à la formation des réservistes. (…) Expliquer à des jeunes qu’on les prépare cette année mais qu’on ne les emploiera que l’année suivante faute de crédits nuit."
Ainsi, relève Le Monde, seuls 321 réservistes ont été engagés dans l’opération Sentinelle, soit à peine plus de 3 % des personnels engagés, selon les chiffres communiqués aux parlementaires par Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées. Le général de Villiers a aussi pointé, fait observer Le Monde, "le manque de réactivité du dispositif" et "le cantonnement des réservistes dans des missions de 'garde statique'".
Pour améliorer l'efficacité de la réserve et soulager les effectifs de l'armée, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé, en mars dernier, l'objectif de faire passer la réserve des armées de 28 000 à 40 000 réservistes, d'ici la fin de l'année 2018, avec une capacité permanente de déploiement de 1 000 réservistes par jour. Les budgets consacrés à la réserve sont également passés de 71 millions d'euros en 2012 à près de 100 millions en 2016, selon le ministère de la Défense. Au total, une augmentation de 77% du budget annuel est prévue entre 2014 et 2018.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.