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"C'est ce qui se fait de mieux en matière de forces spéciales" : qui est le commando Hubert qui a libéré deux otages français au Burkina Faso ?

Franceinfo revient sur cette unité qui porte le nom du lieutenant de vaisseau Augustin Hubert, tué au combat le 6 juin 1944 lors du débarquement de Normandie.

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Barlot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un plongeur des opérations spéciales appartenant au commando Hubert avec son fusil d'assaut, le 12 février 2009. (ARNAUD BEINAT / MAXPPP)

Les forces spéciales françaises ont libéré quatre otages dans le nord du Burkina Faso, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 mai. Au cours de cette opération qualifiée de "très complexe" par la ministre des Armées Florence Parly, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ont trouvé la mort.

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Un hommage national sera organisé, mardi 14 mai, pour les deux militaires français disparus lors de cette opération que "très peu de pays sont capables de faire", selon l'amiral Jean-Louis Vichot, ex-chargé des relations internationales pour le chef d’état-major de la Marine. Les deux militaires appartenaient au commando Hubert, spécialisé dans la libération d'otages et le contre-terrorisme. Franceinfo vous explique les différentes caractéristiques de ce commando de la Marine.

Fondé pendant la Seconde Guerre mondiale

Le commando Hubert "est ce qui se fait de mieux en matière de forces spéciales, avec le 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de Marine", explique à franceinfo "Beryl 614", un ancien cadre de la DGSE qui a travaillé dans le contre-terrorisme. Ce commando est l'héritier direct du 1er bataillon de fusiliers marins commandos qui s'était constitué durant la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne, peut-on lire sur le blog spécialisé Forces spéciales.

Il porte le nom du lieutenant de vaisseau Augustin Hubert, tué au combat le 6 juin 1944 à Ouistreham (Calvados). Aujourd'hui, une centaine d'hommes composent cette unité basée à Saint-Mandrier-sur-Mer, près de Toulon, dans le Var. Le commando Hubert est un des quatre commandos d'assaut de la Marine qui compte sept commandos différents au total. Il s'agit de plongeurs et de parachutistes. Il a pour particularité de savoir combattre sous l'eau, explique l'amiral Jean-Louis Vichot, ex-chargé des relations internationales pour le chef d’état-major de la Marine, sur franceinfo.

Composé de militaires triés sur le volet

Les hommes du commando Hubert "sont sélectionnés d'abord au sein des fusiliers marins pour la plupart d'entre eux", poursuit l'amiral Vichot. Ces hommes sont passés par l'un des sept commandos que compte la Marine au sein des forces spéciales mer. Pour l'intégrer, tous les marins doivent être officiers ou sous-officiers. Des séances de recrutement sont organisées chaque année. Les candidats sont jugés sur le physique, mais aussi sur leurs aptitudes mentales. Parmi les nombreux tests dans l'eau et sur terre qu'ils devront effectuer, il y a notamment des épreuves d'endurance avec des charges sur le dos, explique le blog Forces spéciales.

La formation de ces soldats est réputée être l'une des plus dure au monde. Pour devenir réellement nageur de combat dans le commando Hubert, une formation sur quatre ans est obligatoire au cours de laquelle des sélections sont encore effectuées. Les hommes qui composent le commando Hubert "savent très bien que le service qu’ils rendent à la France peut les amener jusqu’au sacrifice ultime, souligne l'ex-ministre de la Défense Hervé Morin, sur franceinfo. C’est implicite, ils savent que ça peut les conduire jusque-là."

Rodé au contre-terrorisme, sauvetage des otages et missions de guerre

"Ces forces spéciales sont rôdées au contre-terrorisme et précisément au sauvetage des otages en danger", explique l'amiral Jean-Louis Vichot. Mais, ce n'est qu'une partie des missions du commando Hubert, qui sont souvent "des missions de guerre offensives", rapporte "Beryl 614". "On détruit des objectifs, on prend d'assaut des petits postes de commandement, on fait des infiltrations", détaille cet ancien cadre de la DGSE.

Le commando Hubert "n'a pas forcément d'équipements" spécifiques pour la "libération d'otages", précise "Beryl 614". Par exemple, il "n'a pas de boucliers pour se protéger, ou de casques avec visière blindée comme peut avoir le GIGN en France." Ces militaires sont donc intervenus "avec leurs corps et leurs armes, sans avoir en plus l'autorisation de tirer pour éviter de blesser les otages, c'était extrêmement courageux", souligne l'ex-cadre de la DGSE.

Engagé dans l'opération Barkhane

Avant de venir libérer les quatres otages dans le nord du Burkina Faso, "cette unité était sur place dans le cadre de la mission Barkhane", rapporte "Beryl 614". L'opération Barkhane est une opération militaire de lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, menée par la France. Elle avait succédé, le 1er août 2014, à l'opération Serval.

Les hommes du commando Hubert se trouvaient dans la zone sahélienne de transition entre le désert et le domaine tropical humide soudanien. Selon l'ONU, le Sahel comprend notamment la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso où se trouvaient les quatre otages libérés par les hommes du commando Hubert, dont deux membres ont été tués lors de cette opération. Un hommage national leur sera rendu mardi aux Invalides.

Commando Hubert, une unité spécialisée dans la libération d'otages - Franck Cognard

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