Banksy ouvre un "hôtel" à l'ombre du mur en Cisjordanie
Le conflit israelo-palestinien est une source d'inspiration pour l'artiste britannique.
Son nom comme son visage sont toujours un mystère. Mais ses oeuvres frappent à chaque fois les esprits. Le célèbre artiste de rue britannique Banksy a révélé vendredi 3 mars à Bethléem sa nouvelle création dans les Territoires palestiniens, un hôtel jouxtant le mur de séparation construit par Israël.
"Hotel Walled-Off" est à l'image de l'oeuvre de Banksy transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté : les chambres donnent directement sur le mur, l'une des matérialisations les plus emblématiques d'un conflit vieux de presque 70 ans. Walled-Off joue sur le nom d'une chaîne d'hôtels de luxe et "walled off", "coupé par le mur" en anglais.
Neuf chambres qui seront bientôt louées
Dans un ancien immeuble résidentiel situé à quelques mètres du mur et vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l'intérieur un peu suranné, s'amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration. Des porte-parole de l'artiste soulignent que l'hôtel n'est pas seulement une oeuvre d'art, mais que ses neuf chambres sont appelées à être louées ultérieurement.
Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont une source d'inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l'espace public. Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l'ombre du mur.
Israël a commencé en 2002 la construction de cette barrière. Elle est composée à cet endroit de blocs de béton de plusieurs mètres de haut, pour se protéger des incursions de Cisjordanie occupée en pleine vague d'attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada. Achevée aux deux tiers, la barrière alternant tronçons en béton et clôtures, doit atteindre à terme environ 712 km, selon l'ONU.
Le mur, "destination ultime pour les graffiteurs"
Banksy s'était déjà rendu à Bethléem en 2007, laissant derrière lui un certain nombre de graffitis, dont une fillette en robe fouillant au corps un soldat les bras en l'air, son fusil posé à côté de lui.
Accompagné d'une quinzaine d'autres artistes, il avait séjourné en secret dans la ville où la tradition chrétienne fait naître le Christ, et avait exposé ses oeuvres dans une galerie éphémère installée sur la place principale, face à l'église de la Nativité.
Les profits avaient été reversés à des oeuvres charitables pour les enfants et les hôpitaux palestiniens. Certaines de ses peintures avaient atteint des centaines de milliers de dollars aux enchères.
En 2005, il avait peint neuf pochoirs sur le mur. Il avait alors affirmé que le mur, appelé "barrière de sécurité" par Israël et "mur de l'apartheid" par les Palestiniens, était illégal. Le mur "est la destination touristique ultime pour les graffiteurs", disait-il.
Ses pochoirs - dont une échelle posée sur le mur, une petite fille emportée par des ballons et une fenêtre s'ouvrant sur un paisible paysage montagneux - voulaient mettre en évidence l'impact du mur sur la vie des Palestiniens
En 2015, il serait entré secrètement par un tunnel dans la bande de Gaza recluse pour peindre trois oeuvres sur les murs de l'enclave palestinienne dévastée l'année précédente par une nouvelle guerre.
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