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"La guerre, la résistance... on a vécu ses souvenirs" : des lycéens de Nantes font un bond dans l'histoire pour la Nuit des musées

A l'occasion de la 13e édition de la Nuit des musée samedi, des lycéens de Nantes donnent rendez-vous au public avec l'histoire au travers d'un documentaire qu'ils ont réalisé sur les 50 otages exécutés dans leur ville en 1941 par les nazis.

Article rédigé par franceinfo, Anne Chépeau - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les élèves du lycée Carcouët de Nantes avec Henri Duguy, un des derniers témoins des évènements de 1941, compagnon de détention de Guy Moquet. (TOUS DROITS RÉSERVÉS)

Deux millions de visiteurs sont attendus dans les quelques 1 300 lieux ouverts partout en France, pour la plupart jusqu’à minuit, samedi 20 mai à l’occasion de la 13e édition de la Nuit des musées. Au programme : des activités, des visites exceptionnelles, des spectacles et la présentation de projets réalisés avec des élèves. 

Cours des 50-Otages, "on y est passé des dizaines de fois sans connaître l’histoire de son nom"

Cette année, 326 musées ont conduit des projets avec 652 classes pour l'événement. Au musée d’histoire de Nantes, deux classes de première présentent ce soir le documentaire qu’elles ont tourné sur les 50 otages exécutés le 22 octobre 1941 sur ordre d'Hitler à Châteaubriant et à Nantes, après qu’un officier allemand a été tué par des résistants. Cet événement tragique a donné son nom à l’une des principales artères de la ville, le cours des 50-Otages. Une rue que Fatoumata, élève en première L au lycée Carcouët, ne voit plus de la même manière aujourd’hui. "On se rend compte qu’il y a beaucoup de choses derrière. C’est plus qu’une rue à Nantes maintenant. C’est quelque chose de concret", nous confie la jeune fille.

Des rencontres chargées d'émotion 

Intitulé Ils étaient 48, le documentaire a été tourné entre septembre et décembre 2016 sous la direction de la réalisatrice Chloé Glotin, en étroite collaboration avec le musée d’histoire de Nantes. Au cœur de ce documentaire, les interviews de cinq témoins. Fatoumata a rencontré Henri Duguy, âgé aujourd'hui de 100 ans. Il était à l'époque l'un des compagnons de détention de Guy Môquet, 17 ans, le plus jeune des condamnés du 22 octobre 1941. "C’était vraiment quelque chose de fort. On a vécu ses souvenirs" raconte-t-elle.

On a grandi avec Monsieur Duguy et il a vécu la guerre, il a fait partie de la résistance, et malgré tout, encore aujourd’hui, il croit en nous, en l’humain en fait... C’est incroyable !

Fatoumata, élève au lycée Carcouët

à franceinfo

Patrice Peel est le petit-fils de Léon Jost, autre otage fusillé en 1941 par les nazis. Pour lui aussi, ce tournage a été chargé d’émotion. "J’ai dit des choses que je n’avais jamais vraiment exprimées jusque-là. Je me rappelle surtout d’un moment qui m’a bouleversé, quand on m’a demandé de lire les lettres de mon grand-père", raconte Patrice Peel avant de nous lire un passage l'adieu de son aïeulrédigé il y a 76 ans juste avant son exécution : "Si j’ai eu du regret de quitter la vie, c’est de vous laisser alors que nous étions si heureux. Adieu mon aimée, je vais réaliser mon vœu, je vais mourir en soldat. Votre mari, fils, père, qui vous aime de toute son âme".

Lire cette lettre intime devant les élèves qui réalisaient ce document, a été un moment très fort

Patrice Peel, petit-fils de Léon Jost, fusillé en 1941

à franceinfo

ILS ÉTAIENT 48 from Château des ducs de Bretagne on Vimeo.

Un autre regard sur les musées et sur l'histoire

Aujourd’hui, les élèves appréhendent différemment les cours d’histoire, et leur regard sur le musée a changé. "Le musée pour moi avant, c’était un endroit où on allait avec l’école. De mon plein gré, je n’y suis jamais allée ! Mais maintenant je regarde le musée différemment. Je peux dire : ‘J’ai fait ça, ici’", explique Imen, élève en première STMG.

A l’issue des projections du documentaire samedi au musée d’histoire de Nantes, les jeunes pourront échanger avec le public. Mais la plus grande fierté de Fatoumata sera de faire venir ses proches. "Je suis hyper contente de pouvoir ramener ma mère pour qu’elle voit ce film et que je lui dise : ‘C’est moi qui a fait ça’ ! On a vraiment l’impression d’avoir servi à quelque chose", dit-elle. 

Le reportage d'Anne Chépeau

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