Présidentielle : pour le romancier Marc Dugain, la réalité de la politique "rattrape la fiction"

Pour Marc Dugain, romancier et auteur de L'Emprise, une trilogie sur la vie politique en France, la réalité politique "rattrape la fiction". Sur franceinfo, lundi 13 février, il dresse le constat d'un tableau "qui se noircit tout seul" avec des partis "gangrenés de l'intérieur".

franceinfo : Cette campagne présidentielle un peu folle inspire-t-elle le romancier ou le dépasse-t-elle ?

Marc Dugain : Je ne crois pas qu'elle nous dépasse. Quand j'ai écrit L'Emprise, j'ai parlé de l'emprise d'un président par une puissance étrangère. Quand on voit ce qu'il se passe avec Vladimir Poutine aux Etats-Unis et peut-être en France avec certains candidats, on constate qu’il y a déjà un lien évident. La réalité rattrape la fiction. Parfois on se dit qu’on n’oserait pas aller jusque-là et puis on se dit que finalement si.

Au fond, et cela rejoint L'Emprise, on a l'impression que la fonction rend fou, qu'on est prêt à tout pour y arriver, y compris les pires mensonges. Est-ce votre sentiment ?

Oui, et ça tient à cette fonction présidentielle désuète puisqu'à l'origine, le président devait être au-dessus des partis. Il devait voir loin pendant que le gouvernement voyait à court terme. Mais ce n'est pas le cas. On le voit avec les primaires. Le président est quelqu'un d'extrêmement partisan, c'est le chef d'une faction. Et de toute façon, ces candidats qui se battent pour être président seront minoritaires et ne pourront pas faire ce pourquoi ils ont été élus. On est dans une époque de post-vérité. Le mensonge est beaucoup plus important que les faits et ça, c'est grave. Ce principe-là a déjà gagné aux Etats-Unis, aussi en Angleterre d'une certaine façon avec le Brexit, et s'il gagne la France, ce sera catastrophique. 

On est dans une époque où les faits n'ont aucune importance. Regardez l’affaire Fillon. Il y a un déni, alors que moralement, ce n'est pas défendable.

Marc Dugain

à franceinfo

Est-ce que la fiction retient plus le côté "tous pourris" ?

Non, on ne cherche pas à noircir le tableau. Il se noircit déjà tout seul. Les deux vieux partis que sont le Parti socialiste et Les Républicains (qui a remplacé l'UMP, elle-même créé à la place du RPR, ndlr) sont gangrenés de l'intérieur et c'est là-dessus que surfent les nouveaux partis.