: Vidéo 3 clichés sur les banlieusards commentés par Matthieu Longatte
Les banlieusards vivraient tous en cité, ne sauraient pas s'exprimer… L'acteur et réalisateur Matthieu Longatte revient sur ces clichés qui ont la vie dure, à l'occasion de la sortie de sa nouvelle série "Narvalo". Inspirée de galères réelles, elle sera sur CANAL+ à partir de ce lundi 14 septembre à 23h00.
"Et déjà de vouloir faire parler tous les banlieusards de banlieue, c'est cliché Brut hein. En plus, pour une fois, la série elle se passe juste en banlieue : c'est le décor mais c'est pas le sujet, voilà. Dès que les gens font un truc en banlieue, le sujet c'est la banlieue, moi c'est pas le sujet. J'ai écrit sur la banlieue parce que je connais que ça", prévient d'abord Matthieu Longatte.
Les banlieusards vivraient tous en cité
"On présente toujours la banlieue comme s'il n'y avait aucun mélange alors que c'est pas vrai, c'est pas étanche. Enfin, c'est pas complètement étanche parce qu'on est ensemble au collège parce qu'on a inventé l'école républicaine", explique Matthieu Longatte. En effet, le fondateur de la chaîne YouTube "Bonjours Tristesse" en est certain : ce qu'il est aujourd'hui est l'héritage de ce passé riche et diversifié. "Ça participe beaucoup de qui je suis parce qu'encore une fois je suis quelqu'un qui a grandi en pavillon donc je suis clairement de la classe moyenne et par mon parcours de vie, notamment par le football, par le collège et aussi parce que je me suis retrouvé dans l'équipe d'improvisation des juniors de Trappes, bah je me suis retrouvé à passer une bonne partie de ma jeunesse en bas de bâtiments de cités, avec des mecs de cités", raconte-t-il.
Enfin, Matthieu Longatte pointe "une vision complètement monochrome" que ce soit sociale ou ethnique de la banlieue alors que c'est beaucoup plus riche que ça en a l'air, insiste-t-il.
Les banlieusards ne sauraient pas s'exprimer
"On est quasiment les prototypes des jeunes qui ne savent pas parler en France. Alors qu'en vrai, on a un rapport très libertaire au langage mais on sur-utilise le langage, on le tord", souligne Matthieu Longatte. Pour lui, de nombreuses expressions naissent dans des villes de banlieue avant de rayonner à l'échelle nationale. "Et que ce soit le parler "banlieusard", l'espèce d'accent qu'on peut avoir et qu'on peut tenir sur toute une vie ou la manière d'employer les mots, c'est quelque chose qui est énormément, après, imité à l'échelle nationale", développe-t-il.
Aussi, Matthieu Longatte se souvient du temps qu'il fallait meubler. "Nous nos bus, c'est toutes les heures, on attend le premier train à Montparnasse le matin, des trucs comme ça. Et du coup on doit meubler tout ce temps-là et c'est vrai que ça nous amène à raconter des histoires, on vit des anecdotes souvent un petit peu incroyables pour meubler cet ennui déjà et après on passe beaucoup de temps à se re-raconter ces anecdotes et c'est des groupes de jeunes souvent à cet âge-là, entre 15 et 18 ans donc ça raconte autant la jeunesse que la banlieue mais peut-être particulièrement en banlieue, la parole il faut réussir à aller la chercher", dit-il. C'est d'ailleurs le fil rouge de sa série "Narvalo".
Il n'y aurait que de la violence en banlieue
"Déjà on dit qu'il y a de la violence en banlieue mais en fait on a regroupé une quantité de pauvres absolument invraisemblable au milieu de no man's land. Un quartier comme le Val Fourré, je crois que c'est une des plus grosses cités d'Europe, ça a quand même plus de 20 000 habitants en situation de précarité qu'on met ensemble au milieu de 4 champs donc moi je trouve que ça se passe plutôt bien ou du moins ça pourrait aboutir à des résultats bien plus dramatiques d'avoir une politique urbaine aussi débile", insiste le réalisateur. Par ailleurs, Matthieu Longatte rappelle qu'il y a une "mentalité de proximité humaine qui est beaucoup plus importante" en banlieue. "Il y a aussi une culture de la débrouillardise hyper importante en banlieue. Il y a un truc, on fait avec ce qu'on a, on s'adapte à la situation", sourit-il.
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