Non-lieu pour Taha Bouhafs dans l'affaire de la sortie perturbée d'Emmanuel Macron au théâtre des Bouffes du Nord
Le journaliste et militant Taha Bouhafs était accusé d'avoir incité, en janvier 2020, des manifestants à envahir le théâtre des Bouffes du Nord où Emmanuel Macron et son épouse assistaient à une représentation.
Le journaliste et militant Taha Bouhafs, suspecté d'avoir incité des manifestants à investir en janvier 2020 le théâtre des Bouffes du Nord à Paris où Emmanuel Macron assistait à une représentation, a été mis hors de cause par la juge d'instruction. Dans une ordonnance, signée jeudi 18 mars et dont l'AFP a eu connaissance vendredi, la juge d'instruction a ordonné un non-lieu dans ce dossier, conformément aux réquisitions, le 21 janvier, du parquet de Paris.
Le vendredi 17 janvier 2020, au 44e jour de grève contre la réforme des retraites, le chef de l'État assiste en compagnie de son épouse Brigitte Macron à une représentation au théâtre parisien des Bouffes du Nord de La Mouche, de Christian Hecq et Valérie Lesort. Taha Bouhafs, connu pour sa couverture en images des conflits sociaux et par son engagement militant, est présent dans la salle.
Macron exfiltré au sous-sol
A 20h58, le journaliste tweete une courte vidéo et ce message : "Je suis actuellement au théâtre des Bouffes du Nord 3 rangées derrière le président de la République. Des militants sont quelque part dans le coin et appellent tout le monde à rappliquer. Quelque chose se prépare... la soirée risque d'être mouvementée". Vers 22 heures, une trentaine de manifestants pénètrent dans le théâtre et perturbent la représentation avant d'être repoussés par les forces de l'ordre.
Dans une ambiance "très tendue", selon les rapports de police, Emmanuel Macron est placé en sécurité au sous-sol. D'après l'ordonnance, c'est sur "désignation" d'un membre du Groupe de sécurité de la présidence de la République que Taha Bouhafs est interpellé dans le théâtre après l'intrusion, puis placé en garde à vue, téléphone confisqué.
Une plainte contre l'Elysée pour "dénonciation calomnieuse"
Le journaliste est présenté à un juge le lendemain, lequel ne le met pas en examen, comme le demandait à l'époque le parquet, mais le place sous le statut de témoin assisté. Lors de l'interrogatoire, son avocat, Arié Alimi, présente en effet un tweet d'un autre compte, antérieur d'une dizaine de minutes à celui de son client, annonçant déjà la venue d'Emmanuel Macron au théâtre et appelant à se rassembler sur place. Deux autres tweets comparables ont été découverts depuis par les enquêteurs.
Maintenant que je suis blanchi, on va déposer plainte contre les services de l’Élysée pour dénonciation calomnieuse.
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) March 19, 2021
Se félicitant d'être désormais "blanchi des accusations mensongères du palais présidentiel", il a annoncé en outre des plaintes "contre les services de l'Elysée pour la dénonciation calomnieuse qui a provoqué mon interpellation, mon placement en garde à vue et mon défèrement". "C'est la liberté de la presse et de l'information qui sort victorieuse. L'Élysée va cependant devoir rendre des comptes", a ajouté son avocat, Arié Alimi.
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