"Quel destin !" : André Manoukian revient sur le parcours de Charles Aznavour, devenu "l’ambassadeur de la chanson française dans le monde entier"
André Manoukian s'est dit très ému après la disparition de Charles Aznavour, à l'âge de 94 ans, dans la nuit de dimanche à lundi.
Charles Aznavour "c’est comme un château Pétrus, le temps passe et on s‘aperçoit de l’intemporalité de ses textes et de ses musiques", a déclaré "ému" André Manoukian lundi 1er octobre sur franceinfo après la mort de l'artiste à 94 ans dans la nuit de dimanche à lundi.
franceinfo : Charles Aznavour a t-il, selon vous, une carrière inimitable ?
André Manoukian : Quel destin ! Cet enfant de réfugié arménien qui savait à peine parler le français et qui est devenu l’ambassadeur de la chanson française dans le monde entier. Aucun chanteur ne peut se dire ça. Ça fait partie de sa légende. Le meilleur ambassadeur qu’on ait eu, la personne qui remplit des théâtres et qui représentait ce qu’il y a de plus jolie, notre chanson française.
Comment expliquez-vous cette longévité ?
Par la qualité de ses textes. J’étais avec lui encore la semaine dernière, mercredi au restaurant. Il déjeunait avec Belmondo au Centenaire. Je suis un peu ému. La dernière image que j’aurai de lui, c’est un grand rire, et un super bon moment qu’on a passé ensemble. Ces derniers temps, il avait encore plus de plaisir à chanter sur scène et demandait à aller encore plus loin : Japon, Australie. Il y a deux ans, il disait, "ça fait longtemps que je n’ai pas joué en Angleterre". Il y a eu 20 minutes de standing ovation avant qu’il ne commence à chanter. Cela dépasse tout parce qu’il avait une plume qui n’a pas vieilli d’une seule seconde. Après, il me disait, :"Je ne suis pas le meilleur des chanteurs". Il disait aussi : "Je suis le meilleur des pires pianistes que j’ai eu. Je ne joue pas bien du piano, je ne chante pas bien, mais mes textes, ça je les bosse."
Comment était-il quand il n’était pas sur scène ?
Quand il n’était pas sur scène, il s’embêtait. Il racontait "ma famille m’expulse quand ça fait trois jours que je tourne en rond (rires)". Je ne sais pas comment il faisait pour avoir cette patate sur scène. Un des derniers concerts que j’ai vu, c’était à l’Onu à Genève, il n’y avait que des diplomates et il rentre sur scène et dit : "Salut, chers collègues". C’est comme les château Petrus. Plus le temps passe et au contraire de l’abîmer, on s'aperçoit de la qualité de l’intemporalité de ses textes et de ses musiques.
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