Covid-19 : à Paris, la majorité des hôtels "accusent en moyenne 60 à 70% de chiffre d'affaires en moins" par rapport à 2019
Selon Pascal Mousset, président du Groupement national des indépendants hôtellerie et restauration (GNI) Île-de-France, interrogé lundi sur franceinfo, les établissements ne retrouveront pas un niveau d'activité normal "avant la fin de l'année".
"La majorité des hôtels à Paris travaillent avec des taux d'occupation extrêmement bas" : le constat dressé par Pascal Mousset, lundi 19 juillet sur franceinfo, est assez sombre. Selon le président du Groupement national des indépendants hôtellerie et restauration (GNI) Île-de-France, les établissements "accusent en moyenne 60 à 70% de chiffre d'affaires en moins par rapport à leur année de référence 2019".
Avec la situation sanitaire, le bilan est même plus grave pour d'autres. Ainsi, il estime que "40% des hôtels sont fermés actuellement" à Paris. Pascal Mousset prédit par ailleurs que les établissements ne retrouveront pas "un niveau d'activité normal avant la fin de l'année". Il craint notamment que l'hôtellerie indépendante tombe "aux mains d'acteurs étrangers".
franceinfo : Quelle est la situation des établissements parisiens actuellement ?
Pascal Mousset : Environ 40% des hôtels sont fermés actuellement et beaucoup me disent qu'ils vont fermer début août parce qu'ils n'ont pas de visibilité sur les réservations. Ils n'ont pas de demande. Ils travaillent avec des prix moyens très dégradés et, malgré ça, ils peinent à remplir leurs hôtels à 30%. Beaucoup craignent et appréhendent ce mois d'août et préfèrent fermer leur hôtel. Cela leur coûtera sans doute moins cher que de maintenir une ouverture.
En période normale, est-ce que l'été est une période faste pour les hôtels parisiens ?
Les mois de juillet et août ne représentent pas la haute saison pour Paris, parce que le tourisme d'affaires n'est pas là, mais c'est un taux de remplissage normal de 70 à 80% dans les hôtels parisiens, surtout les hôtels de charme de la rive gauche et l'hôtellerie indépendante. Aujourd'hui, il y a une grande disparité suivant la catégorie des hôtels et leur emplacement dans la capitale. Les taux de remplissage vont de 20 à 80%. Ceux qui s'en tirent le mieux sont les hôtels près des gares et les hôtels dits "économiques" qui servent de transit ou de lieu de passage pour des gens qui ne séjournent pas nécessairement dans la capitale. Les palaces et les quatre étoiles trinquent énormément. La majorité des hôtels à Paris sont référencés quatre étoiles, et notamment ceux qui sont dans des quartiers historiques de Paris. Ceux-ci travaillent avec des taux d'occupation extrêmement bas. Ils accusent en moyenne 60 à 70% de chiffre d'affaires en moins de leur année de référence 2019. Ce sont les clientèle asiatique, américaine et du Moyen-Orient qui remplissent Paris à cette époque de l'année. Mais étant donné les difficultés de voyage en ce moment, le variant Delta et toutes les contraintes qui pèsent sur le transport, beaucoup renoncent à des longs séjours dans la capitale, avec le risque d'avoir des contraintes pour revenir. Les hôteliers n'envisagent pas de retrouver un niveau d'activité normal avant la fin de l'année, parce que le tourisme d'affaires ne sera pas là à la rentrée.
Est-ce qu'il y a des risques de fermetures définitives ?
Ce que l'on craint, plus que des fermetures, c'est que des hôtels se tournent vers le tribunal de commerce pour demander des moratoires sur leur dette parce qu'ils ont un mur de dettes extrêmement important à affronter. Aujourd'hui, 25 à 30% des adhérents que je représente me disent avoir consommé leurs prêts garantis par l'Etat (PGE). Ils vont donc se retrouver sans trésorerie à la rentrée et le business ne sera pas à 100% ou à son niveau d'activité normal. La crainte, c'est aussi de voir des hôtels familiaux, l'hôtellerie indépendante qui est quand même assez caractéristique de Paris, tomber aux mains d'acteurs étrangers, de fonds vautours, de fonds qui rachèteraient des actifs hôteliers dans Paris pour pas trop cher. Cette hôtellerie indépendante serait un petit peu mise à mal, parce qu'elle n'a pas les ressources des grands groupes pour faire face à cette crise.
Que demandez-vous aux pouvoirs publics ?
Nous sommes tous alignés pour demander au gouvernement de maintenir les aides qui doivent s'arrêter le 31 août, jusqu'à la fin de cette quatrième vague qu'on nous annonce et ce variant Delta qui nous oblige déjà à fermer des bars à 23h dans les Pyrénées-Orientales. On demande également qu'on ait un accompagnement encore quelques mois, notamment sur Paris. Je vous rappelle que Paris n'a jamais retrouvé son niveau d'activité normale depuis le 14 mars 2020 en hôtels, en restaurants, en bars, en traiteurs. Les régions du littoral, a contrario, font le plein : elles ont fait un été très convenable l'été dernier, elles font le plein à nouveau. Les stations de montagne ont aussi très bien travaillé l'été dernier, alors que d'habitude c'est leur saison creuse.
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