Ascoval : une déconvenue prévisible ?
Le groupe Altifort a annoncé qu'il ne pourrait finalement pas reprendre l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), faute de fonds suffisants. Si Bercy a dit toute sa déception, il existait pourtant des signes attestant de la fragilité de l'offre de reprise.
L'entreprise Altifort "a trompé tout le monde", dit Bercy. Comment est-ce possible ? "Vous connaissez le proverbe : il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Le discours est à charge contre le patron d'Altifort, Bert Gruyaert. C'est un menteur, nous dit Bercy, mais en réalité, dès le mois de novembre, il y avait une note qui existait dans les services du ministère pour alerter sur la fragilité financière d'Altifort. Il y avait de la méfiance. Il y avait aussi toute l'attente des salariés et celle des pouvoirs publics locaux", explique la journaliste Alexandra Bensaïd sur le plateau de France 2.
"Nous avons là le résultat de deux stratégies : celle de l'entreprise qui pense pouvoir passer en force auprès des financeurs, et puis celle du gouvernement qui choisit son image. Il veut bien être celui qui accompagne le risque, mais ne veut surtout pas être celui qui ferme trop tôt les entreprises", ajoute-t-elle.
"L'État n'a pas vocation à fabriquer de l'acier"
Mais l'État ne peut-il pas sauver des entreprises ? "C'est la question qui revient depuis vingt ans. Vous vous souvenez sûrement de l'aveu d'impuissance de Lionel Jospin, c'était en 1999. 'Il ne faut pas tout attendre de l'État', avait-il martelé. Alors, dans le cas d'Ascoval, c'est Emmanuel Macron qui avait promis qu'il n'y aurait pas de fermeture de site. C'était en 2015, il était ministre de l'Économie. C'est dire combien le dossier est sensible", précise la journaliste.
"Depuis lundi 18 février, en régions, mais aussi à Bercy, on cherche un repreneur. C'est très fragile, très difficile, mais c'est crucial. Le gouvernement mettra de l'argent public s'il y a de l'argent privé dans le projet. Quant à nationaliser l'entreprise, nous avons posé la question à Bercy, qui répond : 'L'État n'a pas vocation à fabriquer de l'acier'", conclut Alexandra Bensaïd.
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