franceinfo en campagne. La désertification des territoires ruraux au cœur de la campagne pour les législatives dans la Creuse des GM&S
À une semaine du premier tour des élections législatives, franceinfo s’est rendu chez les GM&S, dans l'unique circonscription de la Creuse. L'entreprise, sous-traitante de Renault et PSA Peugeot notamment, risque la liquidation judiciaire.
C'est dans la Creuse que franceinfo poursuit lundi son tour des circonscriptions symboliques avant les élections législatives des 11 et 18 juin. C’est ici que se joue l'avenir de l'usine de GM&S Industry, actuellement en redressement judiciaire. Menacé de liquidation, le sous-traitant automobile emploie 279 salariés. Plusieurs repreneurs se sont manifestés mais pour l’instant aucun dossier n’a été déposé.
À La Souterraine, les bonbonnes de gaz ont disparu de la cour de l’usine. Dans le local de la CGT, les ouvriers viennent dire bonjour avant de prendre leur poste. Des dessins signés du dessinateur Michel Janvier (Rantanplan et Lucky Luke) sont accrochés aux murs. Il y en a un nouveau chaque jour. "Ce qu’il y a de positif dans tout ça c’est que tout le monde sait maintenant où est la Creuse", peut-on lire sur celui de la veille. C’est vrai "qu’on a quand même attendu un petit moment avant d’avoir les journalistes et tout, il a fallu casser du matériel", commente Laurent, qui ne cache pas son inquiétude pour l’avenir.
Dans l’atelier, les machines ont été rallumées mais pas toutes. "Il y a beaucoup de presses à l’arrêt. Là, il n’y en qu’une ou deux qui tapent, notamment la 800 tonnes, c’est un peu le poumon économique de l’entreprise, c’est celle qui nous rapporte le plus", nous explique Franck. Devant cette énorme presse travaille Didier Lavaud, salarié de GM&S depuis 1989 et maire de la commune de Crozon. "Notre emploi, c’est sacré, surtout dans notre région où les emplois sont rares, où les fermes s’agrandissent. Il y a moins d’agriculteurs, moins de familles, moins d’enfants, moins de commerçants", se désole-t-il. Si cette désertification des territoires ruraux est bien au cœur de la campagne des législatives dans la Creuse, c’est "un peu grâce à nous", ajoute Jean-Marc, lui-même fils d’agriculteur.
Nous ce qu’on attend, c’est que les politiques se positionnent pour éviter qu’on perde un maximum d’emplois en France, puis qu’on devienne juste un truc de banques et de services et que les trois quarts de la population vivent de pissenlits et de radis !
Jean-Marc, salarié de GM&Sà franceinfo
GM&S, fer de lance d'une campagne orientée vers l'emploi
Dans leur combat pour sauver leur usine, les GM&S peuvent compter sur le soutien du député sortant, le socialiste Michel Vergnier, qui se représente pour un cinquième mandat. "J’apprécie lorsque les gens me disent que mon implication a été sur ce dossier totale, ce qui est vrai. Mais je souhaite moi que l’entreprise GM&S Industrie poursuive son activité. Et peu importe le résultat de l’élection législative, si l’entreprise est sauvée, ce sera un très grand plaisir pour moi", nous dit-il tout en arpentant le marché de Dun-le-Palestel, à une dizaine de kilomètres de l’usine, où il est un peu comme chez lui. Visiblement moins à l’aise, le candidat Les Républicains Jérémy Sauty, 27 ans, s’appuie lui sur une autre figure locale, François Baroin, originaire de Dun-le-Palestel par sa mère. "C’est un bon argument ici d’avoir comme soutien François Baroin", souligne Jeremy Sauty.
Dans la Creuse, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en deuxième position à la présidentielle. La candidate de La France insoumise, Laurence Pache, espère donc transformer l’essai. Dans son programme, dit-elle, il y a un arsenal pour protéger les GM&S. "L’enjeu de la situation de GM&S c’est le rapport à PSA et Renault qui sont des entreprises dans lesquelles l’Etat a des participations. Elles ont toutes les deux des marges qui ont bondi l’an dernier, rémunèrent toutes les deux leurs patrons à des hauteurs inimaginables pour le commun des mortels", fustige la candidate France insoumise qui estime "qu’il y a matière à légiférer pour empêcher que des donneurs d’ordres qui sont dans cette situation de mise sous dépendance d’une entreprise telle que GM&S ne puissent plus faire ce qu’ils veulent par rapport à des sous-traitants".
Les entreprises, Jean-Baptiste Moreau en visite tous les après-midi. Comme aujourd’hui à l'entrée de Bénévent-l'Abbaye où se trouve celle de la famille Richard, qui depuis 60 ans commercialise des bardeaux fendus en châtaignier. Selon le candidat En marche !, il ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas des multinationales qui vont venir créer des emplois dans la Creuse, "c’est le tissu de TPE/PME qui peut nous permettre de développer ce territoire", affirme-t-il. Et de miser notamment sur le télétravail. "C’est pour ça que dans notre programme figure l’accès au numérique et le haut débit partout parce que c’est un lieu où on peut développer du travail à distance, c’est vital pour notre territoire", ajoute-t-il. Jean-Baptiste Moreau et les autres candidats aux législatives ont rencontrés les GM&S. Tous sauf celui du Front national, disent les ouvriers, qui se refusent à donner toute consigne de vote.
>>> La liste complète des candidats aux législatives dans la 1er circonscription de la Creuse
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