Eurotunnel au secours de SeaFrance
Une audience du tribunal de commerce de Paris a lieu ce matin à partir de 10 heures.
Le sort de SeaFrance pourrait être scellé lundi 9 janvier. Le tribunal de commerce de Paris, chargé de trancher sur le sort de la compagnie de ferries en liquidation depuis fin novembre, mettra sa décision en délibéré à la mi-journée.
Le dernier rebondissement dans le feuilleton est signé Eurotunnel. L'exploitant du tunnel sous la Manche a créé la surprise en soutenant le projet de reprise de l'entreprise par les salariés sous la forme d'une Scop, selon des informations révélées lundi par le quotidien Libération (article abonnés).
Eurotunnel veut racheter trois navires
Dans un courrier adressé vendredi aux administrateurs judiciaires, que le journal s'est procuré, le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon, propose de racheter les trois ferries de SeaFrance après la liquidation judiciaire du groupe et de les louer à la Scop, laquelle serait chargée de l'exploitation.
Un soutien qui change la donne : la CFDT de SeaFrance et l'avocat des salariés ont annoncé qu'ils allaient demander un report de l'audience du tribunal de commerce de Paris. "Nous souhaitons que le tribunal nomme un mandataire pour huit jours pour examiner ce nouveau projet et mettre tout le monde autour d'une table", a ajouté Philippe Brun, l'avocat des salariés de la compagnie.
"Eurotunnel qui s'interesse à SeaFrance, c'est une bonne nouvelle", a commenté lundi matin le ministre des Transports Thierry Mariani. "On a beau avoir le tunnel sous la Manche, il y a toujours de la place pour un trafic maritime, les Anglais le font, je ne vois pas pourquoi ne pourrions pas être présents aussi sur ce marché-là", a renchéri le ministre du Travail, Xavier Bertrand, au micro de France Inter. "C'est un secteur qui peut garantir des emplois : toute idée, toute initiative doit être regardée, toute initiative qui permet de garantir des emplois, on la creusera et on aidera ces initiatives", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a étudié plusieurs pistes
Dimanche, Nicolas Sarkozy a présidé une réunion interministérielle pour évoquer ces différents scenarios destinés à éviter le chômage des salariés de SeaFrance. Selon la ministre de l'Ecologie et des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet, outre le projet de coopérative défendu par les syndicats de SeaFrance, la reprise du dialogue par le personnel avec un entrepreneur privé ou encore le reclassement d'une partie des salariés au sein de la SNCF ont été étudiés.
La crédibilité du projet de la CFDT en jeu
Pour le quotidien, cette intervention d'Eurotunnel redonne de la crédibilité au projet de coopérative, miné par des problèmes de financement - il manque 39 millions d'euros aux salariés - et des suspicions concernant les pratiques de la CFDT maritime Nord, majoritaire à SeaFrance et initiatrice du projet.
Cette dernière n'aurait pas "un comportement honorable", a dénoncé François Chérèque. Interrogé par l'AFP, le secrétaire général de la CFDT a par ailleurs évoqué lundi matin de probables exclusions.
Certains opposants à la solution CFDT condamnent par ailleurs l'idée d'une Scop, préférant une proposition de sociétés privées déjà repoussées par la justice, provenant de Louis Dreyfus Armateurs (LDA) associé au Danois DFDS. Ils envisagent de conserver 300 employés sur les 880 que comptent actuellement le groupe.
L'intervention de Nicolas Sarkozy
Le chef de l'Etat est intervenu personnellement lundi 2 janvier afin d'éviter la faillite. D'abord réticent au projet de société coopérative ouvrière de production (Scop), il a finalement demandé à la SNCF d'y apporter son aide, sous forme d'indemnités de licenciement exceptionnelles. Les salariés pourraient ensuite les réinjecter dans la coopérative.
Mais ce dispositif ne semble pas avoir reçu l'assentiment de la majorité des quelque 800 salariés. Moins de 250 d'entre eux seraient prêts à y participer. Ils invoquent une "vraie défiance" vis-à-vis du syndicat CFDT porteur du dossier, objet d'un rapport cinglant de la Cour des Comptes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.