Plan social chez Carrefour : "Quand vous n'avez pas fait d'économies pendant des années, le moment où vous passez à la caisse, ça fait mal"
Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, a expliqué, mardi sur franceinfo, que le modèle économique de Carrefour, depuis plusieurs années, l'a amené au plan social et à la suppression de 2 400 emplois sur les 10 500 dans les sièges du groupe en France.
Le plan social, annoncé mardi 23 janvier par Carrefour, est nécessaire selon Olivier Dauvers. Pour le spécialiste de la grande distribution : "Quand vous n'avez pas fait d'économies pendant des années, le moment où vous passez à la caisse, ça fait mal", "mais c'est le moment de payer", a-t-il estimé, mardi sur franceinfo, même si le PDG a "minimisé la casse sociale", selon lui, avec la suppression de 2 400 emplois sur 10 500 dans les sièges du groupe en France, via un plan de départs volontaires...
franceinfo : Pourquoi Carrefour va-t-il aussi mal ?
Olivier Dauvers : Carrefour a accumulé pendant des années des coûts qui étaient trop importants par rapport à son activité. Aujourd'hui, il a perdu des parts de marché en France. La concurrence d'internet vide petit à petit les rayons bazar, technologiques, des hypermarchés… Aujourd'hui, le modèle est clairement menacé. Quand vous n'avez pas fait d'économies pendant des années, le moment où vous passez à la caisse, cela fait mal, c'est douloureux. C'est ce qui est train de se passer.
2 400 emplois supprimés sur 10 500, est-ce "marginal" comme l'a présenté le PDG Alexandre Bompard ?
Ces annonces ne sont ni marginales, ni excessives par rapport à ce qu'elles auraient pu être. Je pense que la main de Bompard a un peu tremblé au dernier moment sur le sujet social. Finalement aucun supermarché ne fermera, alors qu'il y a beaucoup de magasins qui perdent de l'argent. Beaucoup s'attendaient, moi le premier, que des hypermarchés Carrefour ferment. J'ai l'impression que, pour que le plan soit plus facilement accepté, il a minimisé la casse sociale, car le symbole est très fort : Carrefour qui ferme des hypers, cela a plus de poids que Carrefour qui ferment des ex-Dia, des petits magasins hard-discount que beaucoup de consommateurs ne connaissent plus.
Réduire les coûts pour relancer la compétitivité, est-ce la bonne solution ?
Carrefour est une enseigne qui est 4 à 5% plus cher que Leclerc, le moins cher du marché. Les consommateurs abandonnent petit à petit Carrefour. Il faut donc redevenir plus compétitif. Si vous n'avez pas les prix, vous n'avez pas les consommateurs. Carrefour doit donc être plus agressif. Et pour être plus agressif, soit vous baissez vos coûts, soit vous acceptez de perdre de l'argent. Donc oui, il fallait baisser les coûts.
L'État dit qu'il sera vigilant, mais a t-il quelque chose à dire alors qu'il s'agit d'une entreprise privé ?
Chacun est dans son rôle. Il y a peu de risques que ce plan n'aboutisse pas. Pendant des années, Carrefour aurait dû mener ce plan d'économies sur les sièges, qui sont pléthoriques, cela n'a pas été fait. Le jour où l'addition arrive, vous trouvez qu'elle fait mal, mais c'est le moment de la payer.
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