: Reportage "On a un pied dans la retraite mais en continuant à travailler" : ces seniors qui choisissent le temps partiel en fin de carrière
Ils ont plus de 55 ans et le gouvernement compte sur eux pour atteindre le plein-emploi : les seniors sont au cœur d'une nouvelle négociation entre les partenaires sociaux vendredi 22 décembre. Avec le report de l'âge légal à la retraite, l'exécutif a demandé aux syndicats et au patronat de réfléchir aux conséquences de la réforme sur l'insertion professionnelle des plus de 50 ans. Leur taux d'emploi est meilleur qu'il y a dix ans mais reste en dessous de la moyenne européenne.
Ces dernières semaines, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a proposé quelques pistes. Il estime que cela doit passer par un durcissement de l'indemnisation chômage, mais aussi par certaines mesures pour garder les salariés plus âgés plus longtemps à leur poste. Notamment un temps partiel avec maintien des cotisations retraites, un dispositif qui existe déjà dans certaines entreprises.
"Certains ont du mal à partir"
Depuis avril, Géraldine, 56 ans, ne travaille plus qu'un vendredi sur deux. Assistante de direction à Nanterre chez ADP, une entreprise de gestion de paie, elle a choisi ce temps partiel à 80% d'abord pour son confort de vie : "Je ne pensais pas mais certains ont du mal à partir. Donc en se mettant à 80%, on commence à avoir un petit pied dans la retraite mais en se sentant utile en continuant à travailler."
Si son salaire, d'environ 2 500 euros net, baisse aussi d'une centaine d'euros par mois, les cotisations retraites de son employeur sont maintenues à 100%. Financièrement je n'aurais pas pu le faire sans avoir de prise en charge par la société. Quand je calcule ma retraite déjà aujourd'hui, je ne peux pas me permettre d'avoir une baisse de retraite", poursuit Géraldine. Un dispositif d'autant plus précieux qu'il lui reste 7 ans à travailler pour avoir sa retraite à taux plein.
Chez ADP, un salarié sur cinq a plus de 55 ans. Ce temps partiel, mis en place depuis un an et demi, fait ses preuves, explique à la Prévert Élodie Gourmellet, directrice des ressources humaines. "Un absentéisme de 4%, une ancienneté de 15 ans, un âge moyen de 47 ans : cette mesure participe à la politique des ressources humaines qui nous permet de garder des collaborateurs qui font carrière dans l'entreprise."
Transmettre les compétences entre employés
Chez Safran, où l'on tient à parler de salariés "expérimentés", ce temps partiel en fin de carrière est un moyen de transmettre les compétences entre employés du géant de l'aéronautique. "Ça peut être tout poste dans un atelier de production, un centre d'usinage, une machine très moderne devant laquelle il y a un salarié un peu ancien et un salarié plus jeune", soutient Vincent Mackie, directeur des affaires sociales du groupe.
Un dispositif assez proche de la retraite progressive, qui permet aux plus de 60 ans de baisser leur temps de travail en liquidant une partie de leur pension. Mais encore peu utilisée : à peine 2% des nouveaux retraités du privé l'an dernier, notamment parce qu'elle est coûteuse, explique l'économiste Betrand Martinot : "C'est financé par l'entreprise quand elle veut bien financer. Et cela coûte aussi aux salariés, parce qu'il y a la partie cotisations salariales qui est sur l'assiette pleine. Cela coûte cher aux deux parties et c'est l'un des freins à la retraite progressive."
Pour l'instant, aucune piste de financement, notamment public, n'a été avancée par Bercy pour ces temps partiels seniors. Les négociations qui s'ouvrent vendredi doivent permettre de dégager plus de 400 millions d'euros d'économie, notamment par le durcissement des indemnités chômage pour les plus de 55 ans.
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