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Coupure d'électricité : quelles sont les étapes avant le délestage ?

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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L'application EcoWatt, sur laquelle sera émis le signal rouge en cas de tension sur le réseau d'électricité. (MAXPPP)
La Première ministre, Elisabeth Borne, a adressé une circulaire aux préfets pour faire le point sur la conduite à tenir en cas de coupures de courant volontaires cet hiver.

Si l'hypothèse d'un black-out général en raison d'une pénurie d'électricité cet hiver est peu probable, les autorités françaises affinent leurs scénarios en cas de tensions sur le réseau électrique. Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE estime ce risque "élevé" en janvier. En cause, notamment, une production d'électricité nucléaire à la moitié de sa capacité, une partie du parc de réacteurs étant indisponible en raison de maintenances ou de problèmes de corrosion. Pour autant, l'émission d'un signal rouge par le dispositif EcoWatt ne conduira pas nécessairement à des coupures de courant.

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Plusieurs cas de figure sont possibles, détaillés dans une circulaire adressée par Matignon aux préfets, jeudi 1er décembre et que franceinfo a pu consulter. Elle concerne l'Hexagone, mais pas la Corse, reliée à l'Italie. Voici les différentes hypothèses auxquels le pays sera exposé.

1re étape : le réseau est en tension, EcoWatt émet un signal rouge à J-3

Chaque jeudi, RTE identifie, selon les données météorologiques, le niveau de production d'électricité et les interconnexions avec les pays voisins, un possible recours au délestage entre le samedi minuit et le vendredi de la semaine suivante, rappelle la circulaire envoyée au préfet.

A J-3, si RTE confirme cette possibilité de délestage, il émet via l'application EcoWatt, un signal rouge annonçant de possibles coupures d'électricité sur les tranches horaires des pics de consommation, soit entre 8 heures et 13 heures et entre 18 heures et 20 heures, en semaine. A ce stade, les zones géographiques ne sont pas précisées. Ce signal sera également relayé par de nombreux médias, dont France Télévisions et Radio France. Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE invité sur franceinfo jeudi, appelle les Français à télécharger davantage l'application EcoWatt et à s'abonner à son service d'alertes par SMS.

2e étape : un appel à réduire la consommation est lancé

Dès l'émission de ce signal rouge, le gouvernement invite les préfets à amplifier la communication dans les départements autour des écogestes, dont l'objectif est de générer des économies d'énergie. Baisse du chauffage à 19 degrés, extinction des appareils en veille, décalage de l'utilisation de certains appareils ménagers…

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"Toute baisse de la consommation en jour J est susceptible de réduire la portée finale du délestage", peut-on lire dans la circulaire. Il y a "une situation à risque, mais il ne faut pas considérer ces coupures comme une fatalité", a rassuré sur franceinfo Xavier Piechaczyk, en rappelant la nécessité de baisser la consommation.

"Jusqu'à la dernière seconde, si tous les Français font des écogestes, il n'y aura pas de coupure."

Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE

sur franceinfo

3e étape : l'alerte est levée si la tension retombe

Il est possible qu'une alerte à J-3 ne soit par la suite pas confirmée, "en raison d'évolutions
favorables", précise la circulaire. Parmi ces évolutions, la météo, le niveau de disponibilité d'électricité et la consommation des Français, entreprises comprises, qui a déjà baissé de près de 6% à la mi-novembre par rapport à la moyenne des années 2014-2019. "On ne couperait que si le froid se confirme, qu'on a un problème de production ou d'interconnexion avec les pays voisins et si la consommation ne baisse pas", souligne une source proche du gouvernement auprès de l'AFP.

3e étape bis : le signal rouge est confirmé à J-1

Si les efforts n'ont pas porté leurs fruits et que d'autres facteurs comme le froid aggravent la situation, RTE confirme le signal rouge sur EcoWatt à J-1. A 17 heures, les zones géographiques concernées par les coupures sont communiquées. Le grand public peut saisir son adresse sur le site coupures-temporaires d'Enedis pour savoir s'il est concerné et à quelle heure précise aura lieu la coupure électrique. "L'idée est que personne ne soit surpris", souligne une source gouvernementale.

Une mise à jour des zones concernées sera possible jusqu'à 21h30 en fonction de l'évolution de la situation. Les éventuels derniers ajustements ne seront visibles du grand public qu'à 6 heures du matin et ne concerneront qu'un éventuel allègement des délestages voire un évitement des coupures, précise la circulaire.

Une partie de la population ne sera jamais délestée car jugée prioritaire (patients à haut risque dépendants d'un équipement médical à domicile, hôpitaux, caserne de pompiers, sites stratégiques…), ou raccordée par chance à une ligne prioritaire. Cela représente "40% des gens", selon le gouvernement, qui ajoute que les délestages ressembleront aux taches d'une "peau de léopard". Aucun département ne sera délesté en entier, mais seulement des zones minoritaires du territoire, et jamais deux fois les mêmes personnes.

Ainsi, sur les quelque 39 millions de clients, les éventuelles coupures programmées ne devraient pas concerner plus de 4 millions de clients simultanément et ne pas durer plus de deux heures, sur les créneaux horaires concernés.

4e étape : les coupures sont mises en place, avec des dispositifs d'urgence

Les maires des communes concernées devront activer une "cellule de crise" et être en mesure de relayer l'alerte aux services de secours, de santé et de sécurité, pendant la durée du délestage et de la coupure éventuelle du réseau téléphonique (mobile et fixe). Pour les urgences, il faudra se rabattre sur le 112, les autres numéros d'appel 15, 17, 18, 115 et 196 (sauvetage maritime) pouvant être perturbés. Les préfectures disposeront de la cartographie des zones qui ne seraient pas couvertes par le 112. Dans ce cas de figure, la présence des services de secours et de sécurité sera renforcée.

Une présence de type "garde postée" devra être assurée devant les centres d'incendie et de secours, les brigades de gendarmerie et les commissariats de police afin de réceptionner physiquement une demande de secours. Les réseaux radio des forces de sécurité, du Samu et des sapeurs-pompiers sont exclus du délestage.

Il n'y aura plus d'éclairage public dans les zones touchées. Si la coupure a lieu le matin, les écoles seront fermées la demi-journée pour éviter aux enfants et enseignants de travailler sans lumière, ni chauffage ni alarme. Mais le maintien de la restauration le midi est à l'étude. Du côté des transports, les trains, tramways ou métros seront annulés ou arrêtés avant la coupure si nécessaire, pour éviter de bloquer des passagers en pleine voie.

Des fiches détaillant secteur par secteur (écoles, justice, transports routiers, chaîne du froid…) les conduites à tenir et les mesures d'accompagnement seront communiquées aux préfets dans les jours à venir.

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