"On aura des faillites" : le Medef alerte Emmanuel Macron sur la crise de l'énergie
Le président du Medef estime que le risque de "faillites" est important avec l'explosion des prix de l'énergie et lance "une alerte" au président de la République. "Sur 800 entreprises qu'on a interrogées, 11% envisagent de ralentir ou d'arrêter leur production".
"On a fait une enquête flash auprès de nos adhérents. Sur 800 entreprises qu'on a interrogées, 11% envisagent de ralentir ou d'arrêter leur production", constate jeudi 29 septembre sur franceinfo Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, interrogé sur les prix de l'énergie qui flambent.
Le président de Medef se dit "inquiet", "très inquiet" et alerte : "On parlait du mur des faillites pendant la crise Covid, il n’est pas arrivé, là, on aura des faillites", assure-t-il. Geoffroy Roux de Bézieux souhaite s'adresser au président de la République : "Il y a urgence - et c'est au niveau européen qu'on peut le faire - à changer ce système absurde qui fait que le prix de l'électricité est lié au prix du gaz. C'est compliqué, mais en gros, c'est un prix artificiel qui ne correspond pas à une réalité économique."
Des factures "multipliées par 10"
"Une entreprise qui passe brusquement d'une situation profitable, normale, qui lui permet d'investir, à une situation où elle tombe dans le rouge, il y a vraiment un risque très sérieux", explique-t-il avant de lancer "un SOS ou une alerte." Et Geoffroy Roux de Bézieux n'est pas le seul à être inquiet, il affirme que les entreprises le sont aussi : "Il faut vraiment qu'il y ait un mouvement politique fort au niveau de l'Europe."
Concernant la volonté du gouvernement de prolonger en 2023 les aides pour les entreprises touchées par la hausse des prix de l'énergie. Le président du Medef estime que "ce n'est pas le bon système" puisqu'"à peine 300 entreprises les ont demandées."
Pour lui, "on est face à un énorme problème qu'on a peut-être sous-estimé", celui des contrats d'énergie souscrits pas les entreprises. "Pour les entreprises d'une taille significative - au-delà de 10-15 salariés - les factures d'énergie sont souvent basées sur un système de contrat à trois ans avec des prix fixes. Et donc un tiers des entreprises en moyenne chaque année renouvelle leur contrat." Toujours d'après Geoffroy Roux de Bézieux, "on arrive à la période où on renouvelle les contrats." Le président du syndicat patronal affirme recevoir "de plus en plus d'appels au secours d'entreprises qui [lui] disent que leur facture va être multipliée par dix", conclut-il.
Total, "bouc émissaire favori"
Interrogé ensuite sur le crédit d'impôt recherche - qui coûte 6 milliards d'euros par an à l'Etat - et sur le groupe Total qui en bénéficie, Geoffroy Roux de Bézieux défend l'entreprise : "En France, on a le taux d'impôt le plus élevé d'Europe, globalement. On a donc créé ce qu'on appelle des niches fiscales pour atténuer cet impact. A quoi sert-il ? A avoir des chercheurs en France chez Total, chez Sanofi mais aussi dans des petites boîtes." Et le président du Medef questionne : "Que faudrait-il faire ? Interdire à une entreprise de bénéficier d'un système, ça ne marche pas. Soit il y a un système pour toutes les entreprises, soit il n'y a pas de système."
Pour le président du syndicat patronal Total est le "bouc-émissaire favori" que l'on "critique toute la journée". Il se pose ainsi en défenseur du groupe et interroge : "Est-ce que vous préférez que cette entreprise soit française, continue d'investir en France [...] ou que ce soit racheté par une multinationale étrangère et que tout parte à l'étranger ?" Selon lui, "l'attractivité du territoire c'est aussi la fiscalité."
Enfin, au sujet des annonces faites par Total - après ses bénéfices records -d'investir un milliard d'euros dans les énergies propres et 2,6 milliards pour les actionnaires, là encore le président du Medef soutient l'entreprise tricolore et rappelle qu'elle paye "30 milliards d'euros d'impôts tous les ans, pas qu'en France mais bien dans les différents pays qui l'hébergent." Il assure qu'en pourcentage "Total paye moins de dividendes que les autres multinationales du pétrole" et rappelle sa fierté d'avoir en France "des grandes entreprises qui soient restées chez nous." Selon lui, "c'est ça aussi qui fait la force du pays."
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