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Hausse du prix de l'énergie : la Fondation Abbé-Pierre salue le "coup de pouce" du gouvernement pour les ménages les plus modestes

Le gouvernement a annoncé un chèque exceptionnel de 100 euros pour six millions de foyers. Une mesure saluée par Christophe Robert qui réclame cependant une réponse plus "structurelle" à la pauvreté.

Article rédigé par franceinfo
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Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, le 17 octobre 2017. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"C'est un pansement, un coup de pouce bienvenu", a estimé Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, jeudi 16 septembre sur franceinfo, après l'annonce par le gouvernement d'un chèque exceptionnel de 100 euros pour près de 6 millions de ménages modestes, face à la hausse des prix de l'énergie. Il appelle toutefois l'exécutif à "apporter une réponse structurelle" pour améliorer la situation des plus pauvres.

franceinfo : Comment réagissez-vous à cette annonce ?

Christophe RobertNous avons été entendus. La situation est extrêmement tendue. Les prix de l'énergie augmentent considérablement, on vient encore de le voir en ce mois de septembre, avec une nouvelle augmentation, de plus de 8 % [8,7 %] cette fois-ci. En fait, ça fait des années que l'on assiste à des augmentations de ce type. Ça ne passe plus pour tous les ménages pauvres, pour tous les ménages modestes. Ils se saignent, financièrement, pour se chauffer, voire ils ne se chauffent plus. Ça a des conséquences au quotidien très importantes. 100 euros, c'est un pansement, un coup de pouce bienvenu.

Ce chèque exceptionnel de 100 euros, réservé aux ménages qui bénéficient déjà du chèque énergie, va-t-il suffire pour compenser la hausse des prix de l'énergie ?

Par rapport à des hausses récentes des coûts de l'énergie, c'est un pansement. En moyenne, on dépense 1 600, 1 700, 1 800 euros pour se chauffer par an. Ces 100 euros viennent compenser une hausse, ça fait du bien, c'est important pour tous ceux qui vont en bénéficier, mais évidemment, ça ne peut pas être la solution durable.

"La solution durable passe par de bonnes ressources, des minimas sociaux en hausse et une rénovation thermique des logements, y compris de ceux des ménages qui ont des faibles ressources."

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre

à franceinfo

Les aides ne suffisent pas à faire ce que l'on appelle le zéro reste à charge. À la Fondation Abbé-Pierre, on aide des ménages à combler justement ce qui manque, mais il peut manquer 3 000 euros, 6 000 euros voire 10 000 euros. Du coup, certains ne le font pas. Vous avez, pour les plus pauvres, qui vivent dans des passoires thermiques, une situation extrêmement tendue sur le front de la précarité énergétique. C'est 4,8 millions de logements qu'il faut encore rénover.

Craignez-vous qu'il y ait de plus en plus de familles qui, cet hiver, baissent de quelques degrés encore le thermostat de la chaudière ?

On ne le craint pas, on en est certains. Ça fait déjà des années qu'on voit des personnes qui vivent dans un logement assez grand mais qui, en fait, vont se serrer dans une petite pièce, autour d'un petit poêle. Ça a un impact sur la vie quotidienne, mais ça a aussi un impact sur l'isolement. Les personnes ont honte de montrer dans quel logement, ils vivent. Ce chèque, on estime que c'est un bon coup de pouce, que c'est vraiment utile, mais il vient aussi après cinq années où les plus pauvres ont été finalement les parents pauvres de cette politique de la redistribution. Quand on regarde, même après le recadrage du gouvernement à la suite de la crise des "gilets jaunes", ce sont les classes moyennes inférieures et les catégories modestes un peu 'plus plus' qui ont pu voir leur pouvoir d'achat augmenter, mais pas du tout les plus pauvres.

"Les pauvres sont les grands perdants de ce quinquennat." 

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre

à franceinfo

Et notamment les 7 % les plus pauvres, parce qu'on a coupé dans les APL, parce qu'on n'a pas augmenté le RSA, parce qu'on ne l'a pas ouvert aux moins de 25 ans, parce qu'on va mettre en place [la réforme de] l'assurance chômage prochainement. Je crois qu'il y a une réponse structurelle à apporter, à côté de ce que constitue le chèque énergie.

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