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Redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold : "On doit s'adapter, c'est une nécessité", estime un professeur de Sciences économiques

La centrale à charbon Emile-Huchet de Saint-Avold en Moselle, qui avait fermé en mars, a recommencé lundi à produire de l'électricité.

Article rédigé par franceinfo
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La centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, le 28 septembre 2022.
 (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)

"On doit s'adapter, c'est une nécessité", a estimé lundi 29 novembre sur franceinfo Patrice Geoffron, professeur de Sciences économiques à l’Université Paris Dauphine et directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières, alors que la centrale à charbon Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle), qui avait fermé en mars 2022, a recommencé à produire de l'électricité lundi matin. Patrice Geoffron souligne "un point de tension au mois de janvier qui vient légitimer la remise en fonctionnement de cette centrale à charbon". L'économiste pointe par ailleurs la nécessité "d'accélérer la décarbonation, notamment en matière électrique".

franceinfo : Est-ce qu'il y a un vrai risque de connaître des coupures d'électricité cet hiver sans le redémarrage de la centrale de Saint-Avold ?

Patrice Geoffron : C'est ce que met en avant RTE, l'entreprise qui transporte l'électricité et qui est chargée de faire des prévisions, en particulier sur la manière de passer l'hiver. Dans ses dernières évaluations qui remontent à une dizaine de jours, il y a un risque qui pourrait être aigu, en fonction des rigueurs de l'hiver au mois de janvier. Il est possible que quelques réacteurs nucléaires de plus ne soient pas disponibles à cette date, et soient disponibles peut-être un peu plus tard au mois de février. Donc, il y a ce point de tension au mois de janvier qui vient légitimer la remise en fonctionnement de cette centrale à charbon.

À quel point une centrale à charbon pollue-t-elle par rapport à une centrale nucléaire ?

Par rapport à une centrale nucléaire, c'est très considérablement plus, puisqu'en activité, une centrale nucléaire n'émet pas de CO2. Le point de comparaison le plus intéressant est plutôt avec le gaz. L'ordre de grandeur, c'est qu'une centrale à charbon peut émettre de l'ordre de 80% de CO2 en plus pour une quantité d'électricité équivalente. C'est évidemment assez considérable. Il y a une autre pollution qui entre en ligne de compte, ce sont les pollutions locales, donc des pollutions atmosphériques qui peuvent avoir en particulier un impact sur la santé publique.

Ce site de Saint-Avold vient de rouvrir. Le gouvernement l'avait fermé en mars affirmant qu'il n'y aurait plus de centrales à charbon jugées trop polluantes. Est-ce que c'est un sacré pas en arrière ?

C'est un pas en arrière qui est dicté par les circonstances. J'aurais du mal à qualifier ça de sacré pas en arrière. Il est quand même le produit d'une guerre qui, si je puis dire, n'était pas à l'agenda. Que dans ces circonstances, on doive s'adapter, c'est une nécessité. Il ne faut pas perdre de vue qu'au niveau européen, le seul élément à avoir à l'esprit, c'est que la seule manière de sortir de cette dépendance, c'est la décarbonation.

On ne pourra pas, notamment parce qu'il y a un embargo qui est en vigueur avec les importations de charbon russe, relancer une production d'électricité très carbonée en Europe. Le charbon coûte plus cher, le gaz va coûter plus cher. Il n'est pas du tout certain qu'on ait en outre suffisamment de gaz. Donc la seule solution qui se présente à nous, au-delà des nécessités pour passer l'hiver prochain notamment, c'est d'accélérer la décarbonation, notamment en matière électrique.

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