Risques de coupures d'électricité : comment les patients "à haut risque vital" seront-ils pris en charge ?
Emmanuel Macron a beau avoir dénoncé, mardi 6 décembre, les "scénarios de la peur", la perspective de coupures d'électricité en plein hiver inquiète de nombreux Français. Ces délestages, qui ne devraient pas durer plus de deux heures et être limités à des plages horaires allant de 8 heures à 13 heures ou de 18 heures à 20 heures, pourraient affecter certaines personnes plus que d'autres. En particulier, les patients à haut risque vital (PHRV), c'est-à-dire ceux qui sont sous assistance respiratoire plus de 20 heures par jour et les enfants sous nutrition parentérale (alimentés par intraveineuse).
"Les personnes qui sont 'à haut risque vital' ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures", a lâché le porte-parole d'Enedis, Laurent Méric, sur BFMTV, lundi soir. Des "propos maladroits", a tancé Elisabeth Borne, qui s'est exprimée lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée, mardi. "Notre responsabilité, c'est de planifier tous les scénarios sans faux-semblants, mais sans agiter de fausses peurs", a lancé la Première ministre.
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Pour ces patients à haut risque, un dispositif existe. Il a été évoqué dans une circulaire envoyée par Elisabeth Borne aux préfets, début décembre, afin d'éviter les drames liés aux coupures de courant. Que prévoit-il ?
Deux formulaires à envoyer pour s'enregistrer
Les patients à haut risque vital doivent en premier lieu se signaler auprès de leur Agence régionale de santé (ARS). Celle-ci leur demande de remplir deux formulaires, dont un certificat médical attestant de leur situation. Ces patients doivent ensuite envoyer ces formulaires par courrier postal à la direction départementale de leur ARS. Contactées par franceinfo, les autorités sanitaires assurent que cette démarche est rapide, en dépit des délais générés par la consultation médicale et par l'envoi postal.
Une fois ces formulaires reçus et enregistrés, les ARS communiquent les noms des personnes concernées aux distributeurs d'énergie, notamment aux 28 agences de conduite régionales d'Enedis. Comme le précise le ministère de la Santé, "en cas de signal Ecowatt rouge, les gestionnaires de réseaux d'électricité prendront contact avec chacune de ces personnes".
"On a bien reçu les adresses et les numéros de téléphone des patients à haut risque vital et on va s'assurer auprès d'elles qu'elles ont eu l'information."
Enedisà franceinfo
Les agents de conduite des gestionnaires seront d'abord chargés de joindre les patients par courriel ou téléphone, trois jours avant la coupure d'électricité. Ensuite, la veille de la coupure d'électricité, les PHRV "seront contactés de nouveau pour vérifier qu'ils ont bien reçu l'information, soulignent les services d'Enedis. Le dispositif, qui existe dans le cadre des grands événements climatiques, est renforcé dans le cadre de cet hiver".
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En cas d'absence de réponse à la veille de la coupure, des agents se rendront sur place et devront vérifier le matériel, l'autonomie des batteries et s'assurer que les patients ont des batteries externes. Dans le cas contraire, "les services de secours procéderont si nécessaire à une évacuation préventive des personnes concernées vers l'établissement de santé le plus proche de leur lieu de résidence, ou un site prévu à cet effet disposant d'une alimentation électrique", assure le ministère de la Santé.
Quelques centaines de personnes encore à recenser ?
D'ores et déjà, "près de 4 000 patients soignés à domicile et répartis sur tout le territoire" ont déjà été "identifiés par les ARS et les gestionnaires de réseaux d'électricité", précise à franceinfo le ministère de la Santé, confirmant des informations de CNews. Mais, au total, jusqu'à 5 000 personnes pourraient être concernées par cette situation, explique la Direction générale de la santé à franceinfo. Cela pose donc la question des quelques centaines de personnes qui ne sont pas encore recensées. Les personnes hospitalisées à domicile, au nombre de 17 000, seront quant à elles prises en charge par leur centre hospitalier de référence, assure la direction générale de la santé à franceinfo.
Enfin, les sites des ARS précisent que de nombreux patients insuffisants respiratoires qui bénéficient d'une oxygénothérapie de plus de trois mois et de plus de 15 heures par jour ne sont pas inclus dans le groupe des patients à haut risque vital ou des hospitalisations à domicile. Pour ces personnes, un service d'astreinte 24h/24 et 7 jours/7 est prévu par leur fournisseur d'oxygénothérapie ainsi que, à la demande du médecin, la mise à disposition d'une bouteille d'oxygène gazeux de secours, pour les patients disposant d’un concentrateur fixe ou d’oxygène liquide.
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